Plus d’1 200 000 signatures contre la loi Duplomb-Menonville
La pétition contre la controversée loi Duplomb atteint 1 282 765 signatures à 11h15.
La pétition contre la controversée loi Duplomb-Menonville, qui rétablit le recours à certains pesticides entre autres, a dépassé les 1 200 000 signatures sur le site de l’Assemblée nationale.
La pétition ayant dépassé le million de signatures, elle donne la possibilité d’un débat sans vote à la rentrée à l’Assemblée nationale sur la loi Duplomb.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dite favorable à l’organisation d’un débat sur la pétition, mais rappelle que la loi Duplomb a été votée le 8 juillet dernier, par 316 voix pour (le bloc central et le RN) et 223 contre (la gauche).
Une pétition lancée contre la Loi Duplomb
Une pétition a été récemment mise en ligne pour demander l’abrogation de la loi Duplomb. À l’initiative du texte : Éléonore Pattery, 23 ans, étudiante en Master QSE et RSE (Qualité, Sécurité, Environnement / Responsabilité Sociétale des Entreprises). Elle y exprime son opposition à cette loi, qu’elle juge contraire à plusieurs principes fondamentaux du droit de l’environnement et de la santé publique.
La loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire.
Elle représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens.
dénonce Éléonore Pattery.
Dans son texte, la pétitionnaire estime que la loi Duplomb présente des risques pour la santé humaine, la sécurité alimentaire et les écosystèmes. Elle dénonce également un manque de cohérence avec les engagements climatiques et environnementaux de la France.

Le document fait référence à plusieurs textes et institutions, dont la Charte de l’environnement, annexée à la Constitution, ainsi que l’article L110-1 du Code de l’environnement.
Elle évoque aussi les recommandations du GIEC, de l’OMS, de Santé Publique France ou encore de l’INRAE pour appuyer son argumentation.
Trois revendications principales y sont formulées :
- l’abrogation immédiate de la loi Duplomb ;
- la révision des conditions dans lesquelles elle a été adoptée ;
- la mise en place d’une consultation citoyenne incluant les acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit.
La pétition circule actuellement en ligne, et vise à rassembler un large soutien autour de cette contestation citoyenne.

Éléonore Pattery appelle à une révision démocratique des conditions d’adoption de la loi Duplomb, et à une véritable consultation citoyenne, impliquant les acteurs de la santé, de l’écologie, de l’agriculture et du droit.
Aujourd’hui je suis seule à écrire, mais non seule à le penser
conclut-elle.
« On raconte un peu n’importe quoi pour faire le buzz »
Jérôme Mathieu, président de la Chambre d’agriculture des Vosges et du Grand Est, s’est exprimé concernant la loi Duplomb-Menonville lors d’un point presse ayant pour sujet le début des moissons dans le département vosgien.

Dénonciation d’un lynchage médiatique
« Cette loi Duplomp-Menonville, elle a été travaillée, elle a été discutée en commission, au Sénat, à l’Assemblée, avec les parlementaires, avec les organisations agricoles, avec les agriculteurs.
On ne peut pas accepter tout ce lynchage médiatique, sur les réseaux sociaux, des agriculteurs, des élus qui ont mis en place cette loi. Et surtout en mentant à nos concitoyens, et en faisant croire que la loi Duplomp-Menonville, c’est uniquement le retour des néonicotinoïdes.
Le retour des néonicotinoïdes dans la loi Duplomb-Menonville, c’est un article, pas tous les articles.
En plus, c’est deux molécules qui ne vont pas revenir automatiquement sur le marché, mais qu’il sera possible d’utiliser dans le cadre de dérogations très encadrées, pour lutter contre des maladies, pour lesquelles nous n’avons pas de solution technique actuellement, notamment sur les cultures betteravières et sur la culture de la noisette.
Donc résumer la loi Duplomp-Menonville juste au retour des néonicotinoïdes, accuser les agriculteurs, les élus qu’ils sont tueurs d’abeilles, qu’ils vont tuer la biodiversité, c’est scandaleux, et c’est mentir aux gens, et c’est prendre uniquement ce qui nous intéresse, » développe Jérôme Mathieu, président de la Chambre d’agriculture des Vosges et président de la Chambre d’agriculture du Grand Est.
« Il y a énormément de choses dans cette loi »
« Dans cette loi Duplomb, il y a des avancées sur la gestion de l’eau. Il faut trouver des solutions pour gérer l’eau, parce que c’est important. C’est d’intérêt général majeur. Il y a également des avancées sur les élevages. Comment on peut développer des nouveaux élevages en termes de viande blanche, porc, volaille, etc. Il y a aussi des avancées sur l’ANSES. Il y a des avancées sur les relations et le travail avec l’Office Français de la Biodiversité (OFB), » complète Jérôme Mathieu.
« Il y a énormément de choses dans cette loi, hormis l’article sur les néonicotinoïdes, » continue-t-il.
« Les agriculteurs, on a besoin encore de la chimie et de la science sur certaines maladies, que ce soit au niveau végétal, que ce soit au niveau animal. Il ne faut pas le cacher, il ne faut pas raconter n’importe quoi, » affirme le président de la Chambre d’agriculture des Vosges.

« Certaines maladies, si elles ne sont pas traitées, peuvent produire des produits qui seront cancérigènes »
« On parle de l’agrobusiness, on parle du fric, pour que les agriculteurs aient des rendements. On a une activité économique, on a des familles, on a des investissements à payer, donc il faut du rendement et de l’économie derrière, mais aussi pour pouvoir produire des aliments de qualité. On oublie trop souvent de dire que certaines maladies, si elles ne sont pas traitées, peuvent produire des produits qui seront cancérigènes », explique Jérôme Mathieu, président de la Chambre d’agriculture du Grand Est.

« Il y a un risque d’agribashing »
« Il faut arrêter de raconter n’importe quoi, il faut arrêter de vouloir opposer, mais ces insultes permanentes aujourd’hui dans les réseaux sociaux, ce n’est pas admissible. Il y a un risque d’agribashing et c’est tellement pratique », continue-t-il.
« Aujourd’hui, on a l’impression qu’il y a 30 millions de spécialistes des cultures et 30 millions de spécialistes des produits phytosanitaires. C’est un peu la nouvelle mode. Mais j’en veux surtout aux organisations qui racontent n’importe quoi et qui font croire que dans cette loi, il n’y a que ça [NDLR : les néonicotinoïdes] et que demain, tous les produits phytosanitaires ou tous les néonicotinoïdes vont revenir sur les marchés », continue-t-il.
« Ce n’est pas le cas, il faut le redire. Et remercier les élus qui ont eu le courage de travailler cette loi parce qu’ils ne sont pas arrivés le matin à l’Assemblée pour dire « je vais voter pour, je vais voter contre ». Ils ont travaillé cette loi, on a travaillé avec eux au niveau national, en commission, pour expliquer les choses sur le terrain et à Paris et qui, dans leur âme et conscience, ont dit : « oui, il y a des bonnes avancées pour cette loi donc il faut y aller. » », développe Jérôme Mathieu.
Il faut aussi rappeler que ces molécules sont autorisées dans 26 pays sur 27 et que quand on est dans le Grand Est, on est quand même en limite avec certains pays.
complète Jérôme Mathieu concernant les néonicotinoïdes de la loi Duplomb-Ménonville.
« On veut bien toutes les contraintes possibles pour notre agriculture française, mais on ne peut pas avoir les contraintes et les pays autour ne pas avoir les mêmes contraintes. Et que dans le même temps, le consommateur aille chercher les produits moins chers qui viennent de ces pays-là. Il faut aussi qu’on remette l’église au milieu du village », développe-t-il.

« Ça va passer, mais là, je veux dire franchement, on ment et on raconte un peu n’importe quoi pour faire le buzz et pour induire en erreur », conclut Jérôme Mathieu, le président de la Chambre d’agriculture des Vosges et du Grand Est.
