Pharmaciens en Lorraine : la colère monte face à la baisse des marges sur les génériques en septembre 2025
Les pharmaciens dénoncent la baisse des marges sur les médicaments génériques, menaçant la survie des officines rurales. Mobilisation et grèves sont prévues pour défendre leurs revenus et l’accès aux soins.
Les pharmaciens de Lorraine (et de France) vivent une période de forte tension. Le gouvernement a décidé de réduire progressivement les marges sur les médicaments génériques, un coup dur pour des officines déjà fragilisées, notamment en milieu rural. Ce contexte économique tendu s’est traduit par une mobilisation visible, notamment lors d’un rassemblement début juillet devant la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) des Vosges, où pharmaciens et kinésithérapeutes ont fait entendre leurs revendications.



Une réduction des marges lourde de conséquences
La baisse annoncée des remises sur les médicaments génériques, qui passera de 40 % à 30 % dès septembre puis à 20 % d’ici 2027, fragilise fortement la rentabilité des petites pharmacies. Ces structures, qui jouent un rôle essentiel de proximité dans les territoires ruraux, craignent désormais pour leur survie.
Pascal Heintz, pharmacien à Darney, témoigne :
« Nos revendications initiales étaient déjà une revalorisation de nos revenus et en fait le gouvernement répond par une division par deux de nos revenus. L’Est de la France se désertifie au niveau médical, il y a pénurie de médecins, pénurie de soignants en général, ce qui complique l’exercice au quotidien. On nous demande de faire du dépistage d’angines, de faire de la vaccination, on nous demande de dépister les cystites, mais on n’a pas plus de moyens pour ça. »
Il ajoute : « On veut bien accepter toutes ces nouvelles missions pour pallier au manque de médecins, mais ce n’est pas une solution à long terme. Mais en plus, il faudrait qu’on ait les moyens d’avoir plus de personnel pour honorer ces missions. Or, en diminuant nos revenus, ce sera juste le contraire. »
Le pharmacien tire la sonnette d’alarme sur l’avenir : « Une baisse de revenus dans le bilan comptable entraînera forcément des diminutions d’emplois et pour les plus petites structures, c’est leur viabilité qui sera en jeu et donc on désertifiera un petit peu plus les campagnes. »
Un gel des revalorisations qui attise le sentiment d’injustice pour les pharmaciens
La colère des pharmaciens s’est amplifiée avec le gel, annoncé en début d’année, des revalorisations d’honoraires, suite au déclenchement du droit d’alerte budgétaire. Ce mécanisme légal s’enclenche lorsque les dépenses de santé dépassent les plafonds prévus.
Pascal Enrietto, directeur de la CPAM 88, explique :
« On est dans une situation qui clairement n’est pas départementale. La loi prévoit que lorsque les dépenses de santé dépassent un certain montant, ce droit d’alerte se met en place, et plus aucune revalorisation ne peut avoir lieu dans l’année. »
Il reconnaît « l’injustice ressentie par les professionnels qui ont négocié des augmentations d’honoraires et qui voient geler ces augmentations, qui ne s’appliqueront qu’au 1er janvier 2026 ».
Le directeur précise que le gouvernement doit rapidement trouver des mesures pour réduire les dépenses : « Il va falloir trouver environ 1,3 milliard d’euros pour passer l’année 2025. »
Parmi les pistes envisagées figurent une meilleure régulation des indemnités journalières, une maîtrise des coûts du transport sanitaire, ou une évolution de la définition des maladies chroniques afin de hiérarchiser leur prise en charge.
Ces mesures seront discutées dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui sera examiné au Parlement à l’automne.
Une mobilisation qui ne faiblit pas
Les pharmaciens, inquiets pour leur avenir et pour l’accès aux soins dans les zones rurales, se mobilisent activement. Le 16 août est prévu une première journée de grève, organisée par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo). D’autres actions sont annoncées à la rentrée, notamment des fermetures d’officines les samedis.
Des mesures de pression supplémentaires, comme la suspension du tiers payant lors des périodes de garde, sont aussi envisagées pour interpeller la Caisse primaire d’assurance maladie et les pouvoirs publics.
Face à la multiplication des contraintes, à la baisse des marges et à l’absence de dialogue, les pharmaciens entendent défendre leur modèle économique, essentiel à la santé des territoires.
