Mobilisation des agriculteurs dans le Grand Est : tracteurs dans les rues et colère des exploitants ce 26 septembre
Ils dénoncent la concurrence déloyale, l’accord Mercosur et des réglementations complexes.
Un appel national relayé dans le Grand Est
Ce vendredi 26 septembre 2025, les agriculteurs répondent à un appel national de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) pour manifester à travers la France contre une concurrence qu’ils jugent déloyale et des réglementations de plus en plus complexes. Dans le Grand Est, le mouvement prend différentes formes selon les départements. À Épinal, dans les Vosges, une cinquantaine de tracteurs se sont rassemblés dès la matinée pour converger vers la préfecture et la Fédération des chasseurs, marquant symboliquement leur mécontentement par le dépôt de fumier et de bottes de paille enflammées.
Dans le reste de la région, les initiatives locales s’adaptent aux contextes départementaux : en Meurthe-et-Moselle, des rassemblements sont prévus sur plusieurs ronds-points stratégiques (Ville-en-Vermois, Lesménils, Moncel-lès-Lunéville) dès 19 heures, sans blocage de la circulation. En Haute-Marne, les collectifs locaux affichent leur soutien, certains préparant même des actions locales pour se joindre à la dynamique régionale.
Les raisons de la mobilisation
Les agriculteurs dénoncent plusieurs points principaux : les effets des accords de libre-échange, notamment le traité UE-Mercosur, les dégâts causés par le gibier (sangliers et autres animaux), la faible attractivité du métier pour les jeunes, et la pression croissante des normes environnementales et sanitaires.
Pour Nicolas Lallemand, co-président des JA 88, cette journée est avant tout un appel à l’écoute et au bon sens. « Cet appel national répond à des préoccupations qui existaient depuis longtemps, mais la signature de l’accord Mercosur a été vécue comme une trahison », explique-t-il. Selon lui, l’accord permet l’importation massive de denrées alimentaires produites avec des standards très différents des nôtres, comme la viande de bœuf ou de volaille, souvent issue de pratiques interdites en France, et menace directement la compétitivité des exploitations locales.
Mais les difficultés ne se limitent pas à Mercosur. « Les dégâts de gibier dans les Vosges atteignent des niveaux que l’on ne peut plus supporter », poursuit Nicolas Lallemand. Depuis trois ans, malgré un schéma départemental de gestion de la chasse, les problèmes persistent, et les agriculteurs demandent que certaines pratiques, comme le nourrissage des sangliers, soient interdites. « On a tout essayé pour faire entendre notre voix, c’est le seul levier qui n’a pas encore été utilisé. »
Vosges : tracteurs, fumier et bottes de paille enflammées
À Épinal, la matinée a été rythmée par l’arrivée successive des tracteurs et la mise en scène de la contestation. Des bottes de paille ont été déposées et incendiées devant la Fédération de chasse, ainsi que des cannes de maïs.
« L’objectif n’est pas d’embêter les habitants, mais de faire comprendre aux pouvoirs publics qu’il faut écouter les propositions des agriculteurs », précise Nicolas Lallemand. La manifestation prévoit ensuite un rassemblement devant la préfecture pour une rencontre avec la représentante de l’État, afin de faire passer leurs revendications.













Les agriculteurs dénoncent une trahison au niveau national, avec la signature de l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Ils ont décidé de manifester leur colère ce vendredi, partout en France, dont dans notre région. Nicolas Lallemand, co-président des Jeunes Agriculteurs 88 explique les raisons de la mobilisation.
Meurthe-et-Moselle et Haute-Marne : mobilisation adaptée
Dans le département de Meurthe-et-Moselle, les actions sont symboliques : des « feux de la colère » seront allumés sur les ronds-points de Ville-en-Vermois, Lesménils et Moncel-lès-Lunéville pour dénoncer la concurrence déloyale. Aucun blocage de la circulation n’est prévu, mais la visibilité des actions doit permettre de rappeler l’urgence de la situation.
En Haute-Marne, les informations locales sont encore limitées, mais les syndicats départementaux ont affirmé leur soutien aux mouvements vosgiens et meurthe-et-mosellans, certains agriculteurs prévoyant des rassemblements et opérations symboliques sur des axes stratégiques. Ce soutien traduit une inquiétude partagée : la survie des exploitations locales face à des normes et des importations jugées injustes.
L’agriculture en danger : un message pour les jeunes
L’un des enjeux majeurs de cette mobilisation est la préservation de l’attractivité du métier. Pour Nicolas Lallemand, il est essentiel de montrer aux jeunes qu’« il y a encore de la place pour ceux qui veulent s’installer et travailler dans l’agriculture, mais il faudra se battre pour que ce métier ait encore sa raison d’être ».
Il rappelle que l’agriculture ne se limite pas à la production alimentaire : « Nos exploitations façonnent les paysages, contribuent à la préservation de l’environnement, participent au stockage de carbone et produisent de l’énergie. Perdre nos exploitations aurait des conséquences dramatiques sur nos territoires, bien au-delà de l’alimentation. »
Une mobilisation nationale avec un objectif clair
Partout en France, la journée du 26 septembre se veut un signal fort envoyé aux pouvoirs publics. La FNSEA et les JA souhaitent que leurs préoccupations soient entendues et traduites en mesures concrètes : meilleure rémunération, simplification des normes, protection face aux distorsions de concurrence, et reconnaissance du rôle stratégique des agriculteurs dans la société et l’économie.
Dans le Grand Est, la mobilisation illustre cette convergence entre les problématiques locales et nationales : des Vosges à la Haute-Marne, en passant par la Meurthe-et-Moselle, les exploitants mettent en avant la même demande : écouter, agir et soutenir le secteur agricole avant qu’il ne soit trop tard.
Derrière les chiffres, c’est tout un modèle agricole qui est en jeu. Nicolas Lallemand, co-président des Jeunes Agriculteurs 88 alerte sur les importations massives autorisées par l’accord Mercosur, produites selon des règles bien moins strictes qu’en France.
Perspectives et conséquences
Si aucune réponse concrète n’est apportée, les syndicats n’excluent pas un durcissement du mouvement, avec des actions coordonnées dans toute la région. Mais, pour Nicolas Lallemand, le message reste positif et motivant : « On est en action pour que ce métier continue à avoir du sens et qu’il reste attractif. On s’excuse auprès des citoyens si nos actions gênent, mais il faut faire comprendre aux décideurs qu’il faut arrêter de prendre les problèmes à l’envers. »
Pour l’heure, la mobilisation se déroule dans un esprit déterminé mais pacifique, avec l’objectif clair de rappeler que l’agriculture française est un enjeu vital pour les territoires et la souveraineté alimentaire du pays.
Le Mercosur peut rebattre complètement les cartes de l’agriculture, au détriment des producteurs français. Pour Nicolas Lallemand, co-président des Jeunes Agriculteurs 88, les exploitations sont un patrimoine qu’il faut défendre collectivement.
