Pierre CASTOR 29.09.2025 : Pourquoi le popcorn a longtemps été interdit dans les salles de cinéma ?

PIERRE CASTOR

PIERRE CASTOR : Pourquoi le popcorn a longtemps été interdit dans les salles de cinéma ?
Ah… le combo mythique : cinéma + popcorn. On a du mal à imaginer l’un sans l’autre, comme le foot sans la bière ou la raclette sans le fromage. Et pourtant, figurez-vous qu’au début du XXe siècle, quand les premières salles de cinéma ont ouvert aux États-Unis… le popcorn y était interdit ! Oui, oui, interdit, avec de beaux panneaux à l’entrée pour le rappeler. Les employés allaient même jusqu’à fouiller les spectateurs pour s’assurer qu’aucun grain de maïs soufflé ne se cachait au fond des poches.
Mais pourquoi tant de haine pour cette gourmandise pourtant déjà populaire grâce à Charles Cretor, un confiseur de l’Illinois qui, dès 1893, avait inventé un chariot ambulant permettant de faire cuire le maïs à la vapeur directement dans la rue. L’odeur était irrésistible, et les Américains raffolaient déjà de ce snack venu du Pérou, vieux de plus de 7000 ans.
Le problème venait des salles elles-mêmes. À l’époque, beaucoup de cinémas étaient installés dans d’anciens théâtres avec rideaux, velours et dorures. L’idée, c’était d’attirer une clientèle chic, un peu comme à l’opéra. Alors, imaginez : le popcorn, considéré comme populaire et vulgaire, avec son craquement bruyant et son odeur de beurre envahissante, faisait un peu tâche dans ce décor raffiné. Et comme, jusqu’en 1927, les films étaient muets… on entendait les spectateurs mastiquer. Bonjour l’ambiance !
Mais tout change avec le krach boursier de 1929. La crise économique plonge les exploitants dans la galère. Il faut trouver une source de revenus. Alors, ils se résignent et installent des stands de confiserie… avec du popcorn, évidemment. Et là, miracle : ça marche ! Le popcorn sauve littéralement les salles de cinéma de la faillite.
Aux États-Unis, encore aujourd’hui, 40 % des revenus des cinémas viennent de la confiserie, et principalement du popcorn. En France, c’est plus modeste – environ 15 %. La toute première machine à popcorn n’a d’ailleurs été installée chez nous qu’en 1991, au Gaumont de Dijon puis Nancy l’année suivante ! Mais depuis, un spectateur français sur trois se laisse tenter. Et petite fierté nationale : le premier producteur de popcorn en Europe n’est pas américain, mais français, installé dans le Gers, à Bézéril. Cocorico… ou plutôt « Pop-pop-rico ! »