Au Grès du Jazz 2025 : un festival au féminin entre nature, musique et inclusion

Du 9 au 17 août, La Petite-Pierre, nichée entre l’Alsace et la Lorraine, vibrera au rythme du jazz et de ses musiques cousines. Depuis maintenant 22 ans, le festival Au Grès du Jazz y déploie une programmation exigeante et éclectique, en harmonie avec son environnement naturel.

À sa direction, Aïcha Chibatte impulse une vision engagée, ouverte et résolument tournée vers l’avenir. L’édition 2025 promet d’être aussi riche musicalement que porteuse de sens.

Un cadre singulier

La Petite-Pierre, village situé à la frontière entre l’Alsace et la Lorraine, est depuis plus de deux décennies le théâtre de ce festival de jazz à taille humaine. « Les concerts ont lieu principalement dans le centre ancien, que les habitants appellent le Städel, ainsi que sur la place du château, à l’extrémité du village« , explique Aïcha Chibatte. Un décor que le festival exploite pleinement, en lien avec le patrimoine naturel bâti.

Cette année encore, plusieurs concerts seront organisés dans des lieux choisis pour leur ambiance. Parmi eux, la Citadelle de Bitche, où Gabi Hartmann est attendue, ou encore une église à Saverne pour un concert plus intimiste avec Ballaké Sissoko et Piers Faccini.

Une programmation féminine assumée

Le festival affiche cette année une programmation très majoritairement féminine. Un choix délibéré de l’équipe artistique. « Ce n’est pas un hasard du calendrier, c’est une vraie volonté de mettre en avant les artistes femmes, notamment les musiciennes. Certaines années, nous avons mis l’accent sur les instrumentistes. Cette année, il y a davantage de chanteuses.« , précise la directrice.

Parmi les noms annoncés figurent La Chica et El Duende, deux jeunes artistes influencés par les musiques latino-américaines et le jazz, ainsi qu’Ayo, à la croisée des musiques du monde et de la soul. Le contrebassiste israélien, Avishai Cohen complète une affiche qui reste fidèle à l’esprit du festival : ouvert sur le jazz et ses musiques cousines.

Un événement qui cherche à faire sens

Depuis plusieurs années, le festival de jazz ne se limite plus à une programmation musicale. L’équipe revendique une démarche élargie, mêlant environnement, inclusion et participation locale. « On a la chance de travailler autour de la musique qui est un formidable médium pour se réunir et pour échanger« , explique Aïcha Chabat.

Des balades sont ainsi organisées en marge des concerts, avec un double objectif : rallier un lieu de concert tout en découvrant les richesses naturelles du territoire. Le festival entend ainsi sensibiliser le public à la biodiversité locale et à la préservation du cadre qui l’entoure.

Un projet radio mené avec des jeunes

L’un des projets phare de cette édition est la création d’un plateau radio éphémère, en lien avec la mission locale de Saverne. Pendant le festival, ils réaliseront quatre émissions, iront à la rencontre des artistes et découvriront les coulisses de l’événement.

« L’objectif n’est pas qu’ils deviennent animateurs radio, mais qu’ils découvrent un univers et développent des compétences utiles pour leur insertion« , précise Aïcha Chibatte. Une manière, selon elle, de relier culture et action sociale à une échelle très concrète.

Des nouveautés pour élargir l’accès

Le festival de jazz cherche aussi à toucher un public plus large, notamment en provenance des grandes villes voisines. Pour la première fois, une navette au départ de Strasbourg sera mise en place les deux samedis du festival. Proposée sous forme de billet combiné (transport + concerts), elle vise à faciliter l’accès au site pour les personnes non motorisées. « C’est une première, on teste un peu et on va voir comme ça se passe cette année.« 

Autre nouveauté : un concert co-programmé avec le public dans le cadre des 50 ans du Parc naturel régional des Vosges du Nord. Un groupe de participants a contribué au choix du groupe, The Bongo Hop, qui viendra clore le festival dans une ambiance festive.

Si certains concerts de jazz sont payants, une large partie de la programmation reste en accès libre. « Il y a plus de concerts gratuits que payants« , souligne la directrice. Une orientation qui s’inscrit dans la volonté de rendre l’événement accessible au plus grand nombre, y compris aux familles.

Des concerts et ateliers spécifiques sont proposés aux enfants, ainsi que des visites du château de La Petite-Pierre, habituellement fermé au public.

Un équilibre entre exigence artistique et ancrage territorial

Avec une programmation internationale, des artistes émergents et une attention particulière portée aux femmes dans la musique, Au Grès du Jazz poursuit sa trajectoire entre exigence artistique et engagement local. Le festival, soutenu par le Parc des Vosges du Nord, s’inscrit dans un territoire qu’il connaît bien, et dont il tente de valoriser les ressources humaines et naturelles.

Sans chercher à croître à tout prix, le festival assume une forme de sobriété dans son modèle, tout en renouvelant ses formats pour rester pertinent.

Léa CANET