Transport électrique : les Transports Vigneron (54) accélèrent la transition énergétique à Ludres
Transports Vigneron teste le transport électrique pour décarboner sa flotte. Autonomie, recharge et poids des batteries : un vrai défi logistique.
Basés à Ludres, en Meurthe-et-Moselle, les Transports Vigneron SA poursuivent leur engagement dans le transport électrique. Après un test grandeur nature d’un premier camion 100 % électrique entre la France et l’Allemagne, l’entreprise affine sa stratégie RSE et se prépare à étendre l’usage de cette technologie sur une partie de sa flotte.
Chez les Transports Vigneron, la transition énergétique prend une tournure concrète. L’entreprise familiale, implantée à Ludres, mise désormais sur le transport électrique comme levier de performance et de responsabilité environnementale. Le test mené récemment sur un itinéraire transfrontalier a permis d’évaluer les forces et les limites de cette nouvelle approche, à la fois écologique et stratégique.
Des contraintes d’autonomie et de recharge encore lourdes
Ce premier essai de transport électrique a révélé des défis techniques importants.
« La première difficulté, c’est de trouver des solutions d’approvisionnement en électricité », explique le responsable parc, Olivier Jeannot. « Sur notre trajet France-Allemagne, il était impossible de faire un aller-retour complet avec une seule charge. Nous avons donc dû identifier des points intermédiaires de recharge. »
Le transport électrique reste encore tributaire d’un réseau de bornes limité pour les poids lourds. Si les autonomies progressent, elles ne rivalisent pas encore avec celles du diesel. Certains camions atteignent 400 ou 500 kilomètres par charge, contre plus de 1 000 kilomètres pour un modèle thermique.
Le casse-tête du temps de recharge
Autre frein au transport électrique : la durée du rechargement. Là où un plein de gasoil prend quelques minutes, la recharge d’un camion électrique peut immobiliser le véhicule pendant une heure, voire plus.
Cette contrainte bouleverse les plannings et soulève des questions pratiques : que faire du conducteur pendant ce temps ? Est-ce compté comme du travail ou du repos ? Ces zones grises compliquent encore l’adaptation du transport électrique aux réalités du terrain.
Le poids des batteries, un autre défi
Les batteries, indispensables au transport électrique, alourdissent considérablement les véhicules. Un camion électrique pèse environ quatre tonnes de plus qu’un diesel, alors que la réglementation n’accorde qu’une dérogation de deux tonnes.
Résultat : une perte de charge utile, donc de rentabilité. « Sur des marchandises légères, ça passe, mais sur du transport lourd, c’est une vraie contrainte », résume Olivier Jeannot.
Un bouleversement logistique et économique
Choisir le transport électrique, c’est aussi repenser toute la logistique. Les entreprises doivent investir dans des bornes de recharge adaptées, renforcer leurs installations électriques et reconfigurer les dépôts.
« Recharger un camion électrique, ce n’est pas comme brancher une voiture », rappelle le responsable parc. « Il faut des bornes puissantes, des lignes dédiées et parfois un transformateur spécifique. »
Ces aménagements représentent un coût important, que toutes les entreprises ne peuvent pas encore absorber. Le transport électrique nécessite donc un accompagnement plus fort, tant sur le plan financier que réglementaire.
Une transition engagée, mais progressive
Malgré ces défis, les Transports Vigneron restent convaincus que le transport électrique est l’avenir du secteur. Le test mené entre la France et l’Allemagne a permis de tirer des enseignements précieux pour préparer la suite.
« Tout le monde veut décarboner, et les réglementations vont dans ce sens », estime Olivier Jeannot. « Mais le marché n’est pas encore totalement prêt. On avance, mais pas à la même vitesse que la réglementation. »
L’entreprise poursuit donc sa transition étape par étape, en fonction des évolutions technologiques et du développement des infrastructures.
Une vision claire pour un transport plus durable



Dans le cadre de sa stratégie de décarbonation, le site de Ludres s’est équipé, en juillet, d’une cuve B100, en partenariat avec Coc100. Cette installation permet d’alimenter les camions du site avec un carburant 100 % végétal, produit à partir de colza cultivé en France.
L’objectif est de réduire les émissions de CO₂ tout en maintenant la fiabilité des services de transport. Une initiative concrète qui illustre l’engagement du site pour un transport plus respectueux de l’environnement et plus responsable.
Pour Vigneron, le transport électrique s’inscrit pleinement dans une stratégie RSE fondée sur l’innovation et la responsabilité. « C’est un vrai bouleversement dans notre manière de travailler, mais aussi une opportunité d’innover », conclut le responsable.
À Ludres, le message est clair : la route vers la décarbonation est longue, mais la direction est prise. Le transport électrique n’est plus une perspective lointaine — il devient, peu à peu, une réalité concrète pour les transporteurs régionaux.
