La Lorraine, poumon économique des mirabelles : la saison 2025 s’annonce prometteuse
Les mirabelles de Lorraine recrutent : un forum consacré aux métiers saisonniers est organisé ce jeudi de 14h à 17h.
Les mirabelles de Lorraine représentent un savoir-faire depuis des siècles. Ce fruit est implanté au cœur de cette région depuis le Moyen Âge entre les Vosges, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse et la Moselle. Elles représentent un enjeu majeur en faisant fonctionner le marché économique de la Lorraine et en étant son symbole culturel.
La mirabelle, un atout majeur pour la région.
Elle participe à l’offre et la demande d’emploi et contribue à l’économie du territoire. Ce fruit a reçu l’Indication Géographique Protégée (IGP) en 1995, aux vues de son implantation assez unique au cœur de la Lorraine.

Ce territoire fruitier participe jusqu’à 80 % de la production mondiale de mirabelles et devient largement dominant dans ce domaine. Le sujet de l’avenir de ce fruit émerge de plus en plus quant à l’apparition du changement climatique. Ce dérèglement a des conséquences visibles sur les récoltes (fruit plus sucré, récoltes précoces…).
Arnaud Lectard, conseiller juridique au service emploi de la chambre départementale d’agriculture de Meurthe-et-Moselle, précise les enjeux de la mirabelle pour le département.
Un produit emblématique du terroir lorrain
Ce fruit est un vrai symbole régional et bénéficie également d’un label rouge. La mirabelle aurait été importé du Caucase en Provence par le roi René. Son petit-fils René II de Lorraine l’aurait implanté dans le Duché où l’arbre fruitier connaîtra un essor favorable puisque dès le XVIe siècle elle se retrouve aussi en pays messins (terre d’empire). La mirabelle y est présentée comme une spécialité locale : on rapporte que le Roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis, en visite en Lorraine, reçurent des « mirabelles confites au sucre, spécialité du pays messin ».
Les mirabelliers se développent plus facilement dans des sols argilo-calcaires que l’on retrouve majoritairement en Lorraine. En effet, l’arbre s’est bien adapté au climat lorrain : des fraîches nuits d’été et de rares journées chaudes. Ces conditions permettent au fruit une bonne maturation et un taux de sucre idéal en bouche.

Elle se distingue en deux variétés différentes : la mirabelle de Nancy et la mirabelle de Metz. Les récoltes se font durant la période estivale. Elles commencent habituellement fin juin et se terminent fin août ou début septembre si le fruit est tardif.
Un moteur économique régional non négligeable
Comme énoncé dans le titre de cet article, le poids économique des récoltes de mirabelles est très conséquent. La mirabelle génère plusieurs millions d’euros chaque année. En outre, environ 6 000 tonnes de cette prune de Lorraine sont produites par an en moyenne.
En réalité, ce fruit dynamise de façon importante le territoire en créant énormément d’emplois (production, transformation, stockage, transport, distribution…), la mirabelle étant souvent transformée en eau-de-vie ou en confitures. Un des desserts typiques de la Lorraine est également la tarte à la mirabelle, très appréciée chez les anciens comme chez les plus jeunes !

La mirabelle comme business indirect
La mirabelle de Lorraine est également un véritable symbole de business indirect pour la région.
Beaucoup d’évènements organisés tournent autour de ce fruit comme la fête de la Mirabelle ou les marchés concernant principalement ce fruit. Durant ces évènements, une Miss Mirabelle est élue.
Il existe aussi un concours de la plus longue tarte à la mirabelle du monde.
Tous ces évènements incluant indirectement ou non ces fruits, participent à leur enrichissement économique et culturel.
Vegafruits : 40 % du marche mondial de la mirabelle
Beaucoup d’emplois se sont donc créés pour subvenir aux fruits. Comme la coopérative Vegafruits, située à Saint-Nicolas-de-Port, qui rien qu’à elle, génère 40 % du marché mondial de la mirabelle.
Cette coopérative est le bureau commercial unique de l’union de deux coopératives fruitières (Jardin de Lorraine et Vergers de Lorraine).
Environ 200 producteurs ont rejoint le groupe Vegafruits pour un total de 600 hectares de vergers. Une opportunité pour chaque producteur de se développer encore plus. Cette coopérative a alors développé les partenariats avec de nombreux industriels et a multiplié les innovations. Sa spécialité : la transformation des fruits lorrains pour de l’agroalimentaire.
Les trois métiers de Vegafruits sont donc :
- Le fruit de bouche
- Le fruit frais à destination de l’industrie ;
- Les fruits transformés.
Les producteurs à la recherche de main-d’œuvre locale
Les producteurs recherchent de la main d’œuvre locale pour aider aux récoltes de leurs fruits (mirabelles, cerises, quetsches) sur leurs différents domaines.
600 offres saisonnières sont à pourvoir pour la saison estivale en Meurthe-et-Moselle.
C’est pour cette raison qu’un forum d’emplois saisonniers est organisé juste avant le début de la saison estivale depuis trois ans à Dombasle-sur-Meurthe. Ce rassemblement est en partenariat avec certains producteurs de la région, cherchant à trouver des cueilleurs pour la saison estivale.
Arnaud Lectard, conseiller juridique au service emploi de la chambre départementale d’agriculture de Meurthe-et-Moselle, détaille l’importance de ce forum.
Un forum a notamment lieu aujourd’hui de 14 heures à 17 heures à la salle polyvalente de Dombasle-sur-Meurthe. À vos CV et lettres de motivation !
Ces forums permettent de créer des emplois temporaires, tout en aidant les producteurs locaux, en redynamisant l’activité économique et la filière fruits du territoire.

Des défis à relever pour préserver cette filière d’excellence
Faire face au réchauffement climatique
La mirabelle de Lorraine, pleine de sucre et d’un calibre supérieur à la norme, mûrit de plus en plus tôt du fait du réchauffement climatique.
L’année dernière, elle était déjà sur les étals des marchés en fin juillet.
L’impact de la météo
La météo est un facteur important pour les récoltes des mirabelles. Il ne faut pas que des périodes de gel se passent pendant la floraison des arbres sinon les récoltes seront perdues.
Pour récolter les mirabelles, une nouvelle innovation a fait son apparition : le robot Syracus, qui en secouant les arbres, va faire tomber les mirabelles pour ensuite les ramasser à la main. En revanche, cette nouvelle technologie à des contraintes, car le robot n’est pas précis et peut endommager les fruits en les faisant tomber.
C’est un fruit qui est fragile, qui ne se récolte pas quand il pleut. On arrête les cueillettes lorsqu’il pleut, parce que, sinon, le fruit se gorge d’eau, éclate, et devient impropre à la commercialisation
Arnaud Lectard, conseiller juridique au service emploi de la chambre départementale d’agriculture de Meurthe-et-Moselle

Également, le mirabellier est un arbre qui est propice aux maladies à cause de la sécheresse.
Les insectes ne facilitent pas la tâche non plus
Le puceron est l’ennemi n°1 de la production des mirabelles bio dans la Meuse.
Il existe certaines techniques pour y remédier comme élaguer les branches de l’arbre fruitier au plus court ou le traiter à la bouillie bordelaise.
Des aides financières pour cette filière locale d’excellence
Pour préserver cette filière locale, l’État et la région met en place des aides pour subvenir aux besoins de ces producteurs. En effet, ils ont été touchés par les conséquences de la crise économique qui les ont fortement affectés.
Ces aides sont mis en place principalement pour conserver le patrimoine de la mirabelle de Lorraine et pour soutenir les producteurs locaux.
La mirabelle comme patrimoine régional fort
La Lorraine s’impose comme un véritable poumon économique pour la production de mirabelles, générant chaque année plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires. Au-delà de sa valeur économique, la mirabelle incarne un patrimoine régional fort, mêlant traditions agricoles, savoir-faire local et rayonnement national, voire international.
Cette filière, bien que soumise aux aléas climatiques et aux défis du marché, reste un levier essentiel pour l’économie rurale lorraine, contribuant à la vitalité des territoires et à la préservation d’une identité gourmande unique en France.
Célian CUNY