Loi de simplification : l’avenir incertain de la ZFE à Nancy suscite l’inquiétude 6 mois après sa mise en place

Pour l’heure, la ZFE de Nancy reste en vigueur.

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La suppression votée par les députés relance le débat sur les zones à faibles émissions. À Nancy, la conseillère métropolitaine Laurence Wieser défend un dispositif « souple et nécessaire » pour la qualité de l’air.

Depuis janvier 2025, la zone à faibles émissions (ZFE) est en vigueur dans la Métropole du Grand Nancy. Mais la récente adoption par les députés d’une loi de simplification, supprimant les ZFE, jette le trouble sur ce dispositif environnemental. Pour Laurence Wieser, conseillère métropolitaine en charge des mobilités actives et de la qualité de l’air, ce revirement est à la fois brutal et préjudiciable.


Une montée en charge maîtrisée

Six mois après la mise en place de la ZFE Nancy, qui limite l’accès à certaines zones pour les véhicules professionnels les plus polluants (Crit’Air 5 et non classés), Laurence Wieser tire un bilan mesuré mais encourageant : « On a pas mal de demandes de renseignements, quelques dossiers à instruire, mais ce n’est pas une vague. C’est une montée en charge normale, puisque ça ne concerne pour l’instant qu’un petit panel de véhicules. »

Les véhicules ciblés sont pour l’heure les utilitaires, les camionnettes et les poids lourds. L’extension aux particuliers n’est prévue qu’en 2028, avec une ouverture anticipée aux aides un an et demi avant l’échéance.

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lignes orange = autoroutes exclues de la ZFE-m
zone ombrée en jaune = ZFE-m

Une décision incomprise

Le 18 juin 2025, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une loi de simplification qui met fin à l’obligation de mettre en place les ZFE dans les métropoles dépassant certains seuils de pollution. Une décision vécue comme un véritable choc par les collectivités engagées dans la démarche : « On était stupéfaits. On nous demande de mettre en place ces zones, on s’organise, on adapte le dispositif à notre territoire… Et tout à coup, on nous dit que ce n’est plus obligatoire. »

Pour l’élue nancéienne, cette marche arrière n’est pas simplement un ajustement administratif, mais un recul manifeste sur les engagements écologiques de l’État : « Malgré ses défauts, la ZFE a de vrais avantages. Elle est souple, adaptable localement, et surtout, elle permet d’améliorer la qualité de l’air. »


Un risque de désengagement de l’État

Au cœur des préoccupations figure surtout la question des aides. En cas de suppression effective des ZFE, le risque est grand que l’État se désengage du financement des dispositifs d’accompagnement, notamment les primes à la conversion ou les soutiens au changement de mode de transport. « Supprimer la ZFE, c’est aussi supprimer les aides de l’État. Et ça, c’est vraiment le plus préjudiciable, insiste Laurence Wieser. Sortir du parc les véhicules les plus polluants, c’est un devoir pour nous. Le désengagement de l’État serait catastrophique. »

Elle rejette par ailleurs l’argument de la complexité du dispositif : « On a déjà une ZFE extrêmement souple. On a ciblé les véhicules les plus polluants. On propose des aides financières, mais aussi un accompagnement individuel. On aide les gens à comprendre ce qui est le plus adapté à leur situation, y compris vers des véhicules d’occasion, thermiques mais moins polluants. »


ZFE punitive ? Un faux procès selon Nancy

Face aux critiques de certains élus qui qualifient les ZFE de dispositifs « punitifs », la conseillère nancéienne nuance : « Ce n’est pas punitif. Dans les villes très polluées comme Paris, Lyon ou Grenoble, où les seuils de pollution sont dépassés, c’est forcément plus strict. Chez nous, la pollution est moins grave, donc la ZFE est beaucoup plus souple. »

Selon elle, cette nuance est essentielle pour comprendre que la ZFE nancéienne n’a rien d’un outil de répression : « Nous, on ne verbalise pas. On accompagne. Et d’ailleurs, on n’a quasiment aucun moyen de verbalisation à ce jour. »


Des alternatives possibles… mais limitées

Si la suppression des ZFE devait être confirmée par le Sénat et validée définitivement, que resterait-il pour lutter contre la pollution urbaine ? Pour Laurence Wieser, certaines mesures peuvent subsister dans le cadre du Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) porté par la Métropole du Grand Nancy : maintien de certaines aides à la conversion, soutien au vélo cargo ou au longtail, encouragement à utiliser les transports en commun.

Mais elle l’admet : « On ne peut pas remplacer la ZFE. On peut garder quelques leviers, mais sans le soutien financier de l’État, ce sera beaucoup plus difficile. »


En attente, mais mobilisés

Pour l’heure, la ZFE de Nancy reste en vigueur. Les habitants et les professionnels concernés peuvent toujours bénéficier des dispositifs d’aide, ainsi que du soutien d’un conseiller mobilité rattaché à l’ALEC (Agence locale de l’énergie et du climat). Mais l’avenir est incertain.

« Pour l’instant, on est dans l’expectative. On continue de travailler, de proposer les aides et d’accompagner les gens. Mais cette décision nationale crée une instabilité qui n’aide personne », conclut Laurence Wieser.

Des propos recueillis par Juliette Schang
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