Affaire Grégory : 40 ans après, un nouvel interrogatoire pourrait relancer l’enquête
Nouveau tournant dans l’affaire Grégory : près de quarante ans après les faits, Jacqueline Jacob est convoquée par la justice en vue d’une possible mise en examen.
La justice va entendre Jacqueline Jacob, 80 ans, grand-tante du petit garçon retrouvé mort en 1984. Une possible mise en examen relance l’un des plus grands mystères judiciaires français.
Un nouvel épisode dans l’affaire Grégory
Quarante ans après la mort du petit Grégory Villemin, retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne le 16 octobre 1984, l’affaire Grégory continue de hanter la justice française. Ce dossier emblématique, marqué par des lettres anonymes, des soupçons familiaux et de multiples rebondissements judiciaires, connaît un nouveau tournant. Jacqueline Jacob, la grand-tante de l’enfant, sera prochainement de nouveau entendue par les juges. Elle pourrait être mise en examen pour association de malfaiteurs criminelle, une qualification inédite dans le cadre de cette procédure.
Une instruction toujours ouverte, des parents qui n’ont jamais cessé de se battre
Christine et Jean-Marie Villemin, les parents de Grégory, n’ont jamais cessé de réclamer la vérité. Soutenus par leur avocat, Me Jean-Christophe Tymoczko, ils ont salué cette nouvelle avancée judiciaire avec émotion et espoir. “Ils sont prêts à continuer à se battre pour que justice soit rendue à leur fils”, a déclaré leur conseil.
L’affaire Grégory reste aujourd’hui encore une blessure vive pour la famille Villemin, mais aussi pour la société française, tant ce dossier a marqué les esprits. Pendant des décennies, les pistes se sont multipliées, les suspects ont changé, les expertises se sont affinées, sans jamais permettre de désigner formellement un ou plusieurs coupables.

Jacqueline Jacob de nouveau au cœur de l’enquête
Déjà mise en examen en 2017 dans l’affaire Grégory pour “enlèvement et séquestration suivis de mort”, Jacqueline Jacob avait vu cette décision annulée en 2018 pour vice de procédure. À l’époque, elle était soupçonnée, avec son mari Marcel Jacob, d’avoir participé à l’enlèvement de Grégory, sur la base d’analyses graphologiques et stylométriques identifiant son écriture comme étant celle de lettres anonymes envoyées à la famille Villemin.
Mais en juin 2025, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon a décidé de relancer la procédure en ordonnant un supplément d’information. Jacqueline Jacob, désormais âgée de 80 ans, doit ainsi être convoquée dans les prochaines semaines pour un interrogatoire de première comparution. Une étape qui pourrait déboucher sur une mise en examen pour association de malfaiteurs criminelle, une infraction passible de la cour d’assises.
Ce que dit la justice
Philippe Astruc, procureur général près la cour d’appel de Dijon, a confirmé la convocation de Jacqueline Jacob, tout en rappelant qu’il ne s’agit pas encore d’une mise en examen. “La chambre de l’instruction a estimé que les éléments du dossier justifiaient une nouvelle audition, au regard des expertises réalisées ces dernières années”, précise-t-il.
Parmi ces éléments figurent :
- Les analyses graphologiques de lettres anonymes reçues par les Villemin,
- Des expertises en stylométrie (analyse du style d’écriture),
- L’exploitation par le logiciel Anacrim des données d’enquête accumulées depuis 1984.
Ce nouvel éclairage permettrait d’envisager une requalification des faits sous l’angle d’une entente criminelle, autrement dit une organisation familiale autour d’un projet malveillant envers les parents de Grégory.
Pourquoi l’association de malfaiteurs ?
Jusqu’ici, l’affaire Grégory a toujours été abordée sous l’angle d’une action isolée : une personne ayant enlevé puis tué l’enfant. Mais les dernières hypothèses explorées par les juges d’instruction s’orientent désormais vers une logique de groupe, avec des rôles répartis entre plusieurs individus. Dans ce contexte, Jacqueline Jacob pourrait être entendue non plus seulement comme rédactrice potentielle de courriers, mais comme membre actif d’un ensemble ayant agi de manière concertée.
Ce changement d’angle, s’il était confirmé par une mise en examen, serait une évolution majeure dans un dossier longtemps enlisé.
Le poids du temps et de la technologie
Quarante ans se sont écoulés depuis le début de l’affaire Grégory. Si certains protagonistes sont décédés (comme Bernard Laroche, tué en 1985 par Jean-Marie Villemin), d’autres sont toujours en vie. La technologie permet désormais de réexaminer les éléments matériels à la lumière des nouvelles techniques : ADN, stylométrie, chronologies automatisées via Anacrim…
L’intelligence artificielle croise aujourd’hui des centaines de données – lieux, dates, témoignages – pour faire émerger des scénarios plausibles. Ces outils ont déjà été utilisés dans des cold cases français et permettent de relancer des affaires classées. L’affaire Grégory, à ce titre, bénéficie désormais de moyens inédits pour tenter de percer son mystère.
Une affaire emblématique qui divise toujours
Dans l’opinion publique, les débats restent vifs. Certains estiment que la justice devrait refermer ce dossier, compte tenu du temps écoulé et de l’âge avancé des protagonistes. D’autres, au contraire, saluent la ténacité des juges, des enquêteurs, et surtout des parents de Grégory.
Ce nouvel acte judiciaire montre que le combat pour la vérité n’est pas terminé. Il rappelle aussi que certaines affaires judiciaires, même anciennes, peuvent toujours rebondir, pour peu que les institutions continuent de faire preuve de détermination.
Ce qu’il faut retenir de la relance de l’affaire Grégory
- Jacqueline Jacob, grand-tante de Grégory, va être entendue par la justice pour la première fois depuis 2017.
- Elle pourrait être mise en examen pour association de malfaiteurs criminelle, une nouvelle orientation dans l’affaire.
- Les parents de Grégory, Christine et Jean-Marie Villemin, saluent cette décision comme une lueur d’espoir.
- L’affaire Grégory, près de 40 ans après les faits, reste un symbole de la difficulté à rendre justice face au silence, aux manipulations et à la complexité familiale.
Et maintenant ?
Le calendrier précis de la convocation de Jacqueline Jacob n’est pas encore connu. Mais cette audition relance clairement l’intérêt judiciaire et médiatique autour de l’affaire Grégory. Si la mise en examen est prononcée, de nouvelles investigations pourraient suivre, jusqu’à un potentiel procès – inédit – devant les assises. L’espoir d’un jour connaître la vérité, même partielle, reste intact.

La grande-tante du petit Grégory Villemin réaffirme « sa totale innocence », selon un communiqué de ses avocats, transmis ce jeudi.