L’ex-employé municipal, qui a agressé Bruno Toussaint, maire de Saint-Dié, condamné à 8 mois de prison avec sursis
Le maire de Saint-Dié-des-Vosges, Bruno Toussaint, a été agressé par un ancien employé municipal samedi dernier. Le trentenaire a été condamné hier à 8 mois de prison avec sursis.
Bruno Toussaint, le maire de Saint-Dié-des-Vosges, sa femme et plusieurs policiers municipaux ont été agressés samedi dernier. L’élu avait déjà reçu une lettre menace de mort au mois de juillet 2024.
L’ancien agent municipal jugé en comparution immédiate
Samedi soir, en pleine Nuit blanche à Saint-Dié, un ancien agent municipal s’en est violemment pris au maire Bruno Toussaint, à son épouse et à trois policiers municipaux.
Motif invoqué : sa démission forcée et la perte de ses revenus. Il reproche à l’élu d’avoir perdu son travail

Placé en détention provisoire, cet homme d’une trentaine d’années, également poursuivi pour injures racistes et rébellion, a été jugé ce mardi en comparution immédiate à Épinal.
Très alcoolisé au moment des faits, le trentenaire a reconnu son geste et a présenté ses excuses lors de son procès. Bruno Toussaint et sa femme n’étaient pas présents lors du jugement.
Le tribunal a condamné l’ex-employé municipal à huit mois de prison avec sursis. Il devra également suivre des soins psychologiques et en addictologie. Le condamné est aussi tenu de verser 1 000 euros au maire de Saint-Dié-des-Vosges, Bruno Toussaint, et à son épouse, au titre des dommages et intérêts.
Un moment d’ivresse, des coups portés, un maire, sa compagne et des policiers municipaux touché dans l’exercice de leurs fonctions
Interrogé par la rédaction quatre jours après l’agression, qui a eu lieu pour rappel samedi dernier à Saint-Dié-des-Vosges, lors d’un évènement public, le maire de la ville, Bruno Toussaint est marqué.
Psychologiquement, automatiquement, quand on est attaqué, surtout quand on voit son épouse attaquer les policiers malmenés, ça ne peut que marquer. J’en ai malheureusement vu d’autres dans ma carrière en tant que militaire
Bruno Toussaint, maire de Saint-Dié-des-Vosges
Le premier magistrat rappelle les faits dont il a été victime avec sa femme, Catherine Toussaint.
La police municipale est arrivée après ces faits. Selon le maire, Bruno Toussaint, ils ont interpellé l’individu avec bien du mal. Il a poussé violemment une policière en l’insultant. Il a également été violent vis-à-vis du directeur de la police municipale, « avec des propos plus que racistes à son égard », développe l’élu.
Après cet épisode, il a été emmené au commissariat et placé en garde à vue.

« Ça ne nous empêchera pas de vivre »
Un évènement marquant psychologiquement, que décrit Bruno Toussaint, au micro de Magnum La Radio.
Depuis cette attaque, Bruno Toussaint n’a pas cessé de travailler, « bien au contraire » affirme-t-il.
Ils ont continué à vivre tout à fait normalement. Le maire décrit : « J’ai participé avec mon épouse aux cérémonies du 14 juillet, hier à Saint-Denis-les-Vosges. Hier soir, j’étais en ville, à la fête foraine, puis au feu d’artifice. Je suis passé au bal populaire. Ça ne nous empêchera pas de vivre. Mais on est peut-être un peu plus vigilants de notre côté. On n’est pas à l’abri d’autres personnes, mais ce n’est pas à souhaiter ».
Le souhait d’une justice plus ferme
Le maire, Bruno Toussaint, aimerait que l’homme qui l’a agressé, réagisse par rapport à ce qu’il a fait. Il rappelle : « L’alcool, c’est un fait aggravant. Il ne faut pas l’oublier. Ce n’est pas parce qu’on est sous l’emprise de l’alcool qu’on doit faire n’importe quoi ».
Il veut également faire passer un message : « Je souhaite faire passer un message de protection pour tous ces gens qui se font agresser en permanence pour rien. Il faudrait que la justice soit peut-être un peu plus ferme avec ce genre de personnes pour que ça montre l’exemple de manière à ce que d’autres ne le fassent pas. Se faire agresser parce qu’une personne a bu, ce n’est pas normal. Ce que je veux, c’est que cette personne prenne surtout conscience de ce qu’elle a fait ».
Bruno Toussaint : un maire qui ne s’arrête pas
L’élu l’a réaffirmé plusieurs fois pendant l’interview : il ne s’arrêtera pas de sitôt.
Ce n’est pas ça qui m’empêchera de continuer dans mes projets municipaux. Je suis au travail, je n’ai pas arrêté et je n’arrêterai pas. Bien au contraire, ça me pousse encore à me battre pour ma ville. Ce n’est pas une personne qui m’arrêtera dans mon combat pour Saint-Dié.
appuie Bruno Toussaint, le maire de la ville vosgienne.
Une situation qui pousse certains maires à la démission
C’est un chiffre qui interpelle : depuis 2020, près de 2 200 maires ont rendu leur écharpe en France.
Chaque mois, en moyenne, 40 maires démissionnent partout en France. C’est plus d’un par jour, selon une enquête du Cevipof, le centre de recherches de Sciences Po, publiée le jeudi 19 juin dernier.

Entre tensions au sein des conseils municipaux, épuisement personnel, manque de formation ou encore violences subies, les causes sont nombreuses.
En Haute-Marne, 18 démissions ont été comptabilisées, 25 dans les Vosges, et 44 en Meurthe-et-Moselle.

Rose-Marie Falque, la présidente de l’association des maires de Meurthe-et-Moselle décrypte les causes de ces démissions en chaine.
Alors que les communes font face à des défis de plus en plus complexes, les maires restent en première ligne. Malgré les difficultés, beaucoup continuent d’y croire.

Rose-Marie Falque, la présidente de l’association des maires de Meurthe-et-Moselle tire également la sonnette d’alarme et appelle à un véritable statut de l’élu.
Pas de week-end, des réunions à rallonge, des insultes… mais aussi la fierté d’être au cœur de la vie locale. Malgré les galères, beaucoup tiennent bon. Mais pour combien de temps encore ? À l’heure où le rôle du maire est plus essentiel que jamais, nombreux sont ceux qui demandent enfin un vrai statut inscrit dans la loi. Et un peu plus de respect.
