Nancy : après la mort tragique d’un étudiant en médecine sur l’A33, la faculté appelle à la vigilance et à la prévention
Le doyen de la fac de médecine, Stéphane Zuily détaille les mesures, conseils et dispositifs pour concilier vie festive et sécurité.
Le 20 novembre dernier, un étudiant en médecine de Nancy a été retrouvé mort le long de l’A33, à proximité de la sortie Brabois. L’autopsie, réalisée le 24 novembre, a confirmé qu’il s’agissait d’un accident mortel de la circulation, provoqué par un véhicule dont le conducteur ne s’est pas arrêté.
Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune homme de 19 ans, qui habitait dans le secteur de Brabois, avait été déposé avenue de Bourgogne à Vandoeuvre par une navette étudiante après une soirée médecine. Entre ce moment, vers 3 h du matin, et 8 h, heure où son corps a été signalé par un chauffeur routier, les circonstances exactes restent encore inconnues. La police a lancé un appel à témoins pour identifier le conducteur.
« Toute la communauté a été choquée » : l’impact sur la faculté
Le drame a profondément marqué la faculté de médecine et l’ensemble de la communauté universitaire. Le doyen de la fac de médecine de Nancy, Stéphane Zuily, décrit une ambiance de choc et de tristesse : « Eh bien, je dirais qu’elle [NDLR : la communauté] se porte mal, mal pour plusieurs raisons, mal en raison de ce qui s’est passé, de ce drame. On a tous été choqués, enseignants, étudiants, personnel administratif et technique… toute la communauté universitaire et étudiante de Lorraine a été choquée, d’autant plus les plus proches de cette personne. »
Pour le professeur Zuily, ce drame souligne également les questions de responsabilité liées à la vie festive des étudiants : « C’est un moment de responsabilité qui s’impose à nous. Nous devons réfléchir à comment concilier tradition festive et sécurité des étudiants. »
Encadrer les soirées étudiantes : charte, règles et sensibilisation
La faculté et l’université disposent depuis plusieurs années d’une charte d’engagement pour encadrer la vie associative et festive. Le professeur Zuily explique :
« Cette charte existe depuis un certain nombre d’années, en lien avec la vie universitaire. Elle précise que les associations labellisées se doivent de lutter contre l’usage irraisonné d’alcool, contre les gestes déplacés, tant en termes de violences sexistes et sexuelles que d’autres comportements déviants. »
Il insiste sur le rôle de la responsabilité individuelle :
« Au-delà de cette charte, qui concerne les associations, il s’agit de se demander comment chacun peut s’engager personnellement, en se disant que c’est très bien si l’association s’engage, mais que moi-même je m’engage dans ces valeurs que nous portons à l’université. »

En matière de prévention pratique, plusieurs dispositifs sont en place :
- Formations pour les étudiants et les associations sur les comportements à risque et la santé mentale.
- Trusted people, des référents disponibles lors des soirées pour intervenir en cas de problème.
- SAM et navettes professionnelles pour sécuriser le retour des étudiants ayant consommé de l’alcool.
- Sensibilisation sur l’usage des agents psychoactifs, incluant boissons énergisantes et drogues, avec une politique stricte de tolérance zéro.

Le doyen précise :
« Le zéro n’existe pas, mais on essaie d’y tendre. Notre politique est intraitable sur ce sujet. L’idée est de réguler, pas de punir. Si un comportement dévie, il existe des commissions de discipline, des délabellisations d’associations… c’est notre responsabilité, comme celle d’un parent envers son enfant. »
Suspension des événements jusqu’au 16 janvier
Face à la gravité de la situation, le doyen a décidé de suspendre toutes les soirées étudiantes jusqu’au 16 janvier 2026, date d’une réunion de concertation avec les associations et les services centraux de l’université. Stéphane Zuily précise : « L’idée de bloquer jusqu’au 16 janvier nous permettait de prendre suffisamment de temps pour être exigeant et ambitieux dans la politique que je souhaite mener au sein de la faculté, et pour que toute action ne soit pas simplement isolée, mais concertée avec l’université. »
Conseils aux étudiants en médecine : « un esprit sain dans un corps sain »
Au-delà de la régulation, le doyen souhaite aussi transmettre un message préventif aux étudiants en médecine : « Lorsqu’on travaille trop et qu’on n’en peut plus, il faut s’arrêter et utiliser des choses très simples. Les trois piliers essentiels sont le sommeil, l’alimentation et l’activité physique. Avec cela, on peut tenir longtemps et éviter de se mettre en danger. »
Il insiste également sur l’importance de la vigilance collective : « Si l’on se rend compte qu’un ami dévie, qu’il consomme trop d’alcool ou d’autres substances, il faut peut-être essayer de lui tendre la main en lui disant : ‘Écoute, tu as peut-être besoin d’aide’. »
Vers une vie étudiante plus sûre et responsable
Ce drame rappelle brutalement les risques auxquels sont confrontés les étudiants, tous, pas uniquement les étudiants en médecine, et l’importance de mesures préventives et collectives. Entre responsabilisation individuelle, engagement des associations et encadrement par l’université, la faculté de médecine de Nancy met tout en œuvre pour que les soirées étudiantes puissent rester un moment de détente sans mettre en danger la vie des jeunes.

