Tragédie à Nogent (52) : Mélanie, tuée par un élève qu’aucun signe n’avait trahi
La tragédie à Nogent bouleverse et relance le débat sur la violence scolaire.
Le mardi 10 juin 2025, vers 8 h15, devant le collège Françoise‑Dolto de Nogent (Haute‑Marne), une assistante d’éducation, identifiée comme Mélanie G., âgée de 31 ans et mère d’un petit garçon, a été poignardée à mort par un élève de 14 ans lors d’un contrôle de sacs effectué par les gendarmes.
L’adolescent, décrit comme discret, bien intégré et même ambassadeur contre le harcèlement, a soudainement sorti un couteau de son sac et asséné plusieurs coups à la victime. Malgré l’intervention immédiate des gendarmes, Mélanie a succombé à ses blessures à l’hôpital peu après l’agression .
Le drame a profondément choqué la petite ville de Nogent, qui compte environ 3 500 habitants, plongée dans une émotion collective. Un confinement des 300 élèves présents dans l’établissement a été mis en place, tandis que le collégien a été placé en garde à vue.

Qui était Mélanie G. ?
À 31 ans, Mélanie G. s’était imposée comme une figure bienveillante du collège Françoise‑Dolto. Originaire de la région, cette mère d’un petit garçon avait rejoint l’établissement à la rentrée 2024, où elle exerçait comme assistante d’éducation, un rôle qu’elle avait embrassé avec sérieux et dévouement.

Avant cela, Mélanie avait travaillé comme coiffeuse. Elle souffrait de la maladie de Crohn, invalidante. Sa reconversion vers le secteur éducatif n’était pas un hasard : elle souhaitait aider les jeunes, leur offrir un cadre stable et rassurant. Elle venait d’ailleurs de déposer une candidature pour devenir AESH, afin d’accompagner des élèves en situation de handicap.
Ses collègues la décrivent comme douce, investie, toujours souriante, et très appréciée des élèves. Elle s’était rapidement intégrée à l’équipe pédagogique, et à la vie locale de Nogent.
L’adolescent de 14 ans, sans antécédent judiciaire, était “bien intégré” et il était même “ambassadeur contre le harcèlement”. Il n’avait montré aucun signe avant-coureur. Il a été immédiatement maîtrisé et placé en garde à vue lors du drame .
Réactions politiques
Emmanuel Macron
Le président a vivement réagi, qualifiant cet acte de “déferlement de violence insensé” et exprimant sa “profonde émotion”, soulignant que “la Nation est en deuil” et que le gouvernement était mobilisé pour faire reculer le crime. Le chef de l’État a annoncé une possible interdiction des réseaux sociaux pour les jeunes de moins de 15 ans en France, faute d’action européenne.
Élisabeth Borne
La ministre de l’Éducation s’est rendue sur place pour rencontrer les élèves et le personnel. Elle a salué le sang-froid et l’engagement de ceux qui ont aidé à maîtriser l’agresseur. Elle a précisé que le collégien était issu d’un foyer stable où les deux parents travaillaient, et qu’il n’avait aucune difficulté signalée.

La ministre a aussi souligné la nécessité d’une « réponse globale » : renforcer les contrôles de sacs, agir sur la santé mentale des jeunes, réguler les armes blanches et prévenir les effets délétères des écrans et des réseaux sociaux.
François Bayrou
En tant que Premier ministre, il a rendu hommage à la victime lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Il a parlé d’une “vague de violence” et plaidé pour une réponse pénale dissuasive, tout en évoquant l’expérimentation de portiques de sécurité à l’entrée des établissements scolaires.
Il a également annoncé des mesures immédiates :
Interdiction accrue de certaines armes blanches à la vente aux mineurs, avec contrôle systématique de l’âge à la livraison (en présence d’un adulte).
Élargissement de la liste des armes concernées, y compris certains couteaux de cuisine pouvant devenir armes.
François Bayrou a indiqué vouloir travailler sur la santé mentale de la jeunesse et renforcer les dispositifs pour prévenir de tels faits.
Enjeux et contexte national
Depuis mars, des contrôles aléatoires de sacs se multiplient dans les écoles, notamment après une attaque mortelle à Nantes, entraînant la saisie de dizaines de couteaux (94 sur 958 fouilles).
Ce drame survenu à Nogent relance un débat national : comment concilier prévention, sécurité, santé mentale et vie scolaire normale ?
Sous la pression de syndicats et personnalités politiques, les autorités cherchent à instaurer des mesures sécuritaires et législatives, tout en évitant une ambiance de surveillance généralisée.
Impact local et national
À Nogent, le choc est immense : une commune tranquille confrontée à un acte violent d’une folie nouvelle.
Au niveau national, cet événement concentre un regard politique sur les armes blanches, la sécurité scolaire, et la prévention de la violence juvénile.
Le gouvernement se dit prêt à renforcer les dispositifs légaux (portiques, sanctions, vente aux mineurs) et à accroître les actions face à la santé mentale des adolescents.
La tragédie à Nogent pose de nombreuses questions
L’assassinat de Mélanie G. par un élève de 14 ans devant son collège de Nogent (Haute‑Marne) marque un tournant tragique dans le débat sur la sécurité scolaire. L’émoi national est immense.
L’affaire pose les questions essentielles : comment mieux protéger les personnels et les élèves ? Quelle stratégie adopter entre prévention, sécurité et répression ? Le gouvernement et les parlementaires auront prochainement à trancher sur ces orientations, à la lumière de ce drame aussi soudain qu’insoutenable.
Le SNES-FSU a exprimé son soutien aux proches, collègues, à l’ensemble des personnels, élèves et familles bouleversés par ce drame. Le syndicat remet aussi au centre du débat la question du climat scolaire et de la sécurité dans les établissements scolaires, qui doit être « traitée avec sérieux, sans instrumentalisation politique ».