15 % de taxe, une appli et un boycott : un élu lance la riposte citoyenne contre l’accord entre l’Union européenne et les États-Unis
Bertrand Pancher, ancien député de la Meuse appelle au boycott des produits américains en réponse à la taxe douanière de 15 % négociée entre l’Europe et les États-Unis. L’application « No Merci » sera prochainement disponible pour aider les consommateurs à discerner les produits américains des produits européens dans les rayons des supermarchés.
Face à l’accord douanier conclu entre l’Union européenne et les États-Unis, l’ancien député de la Meuse Bertrand Pancher appelle au boycott des produits américains. Pour passer à l’action, il développe une application mobile baptisée « No Merci ».
Le 27 juillet dernier, au détour d’une rencontre discrète en Écosse sur un terrain de golf appartenant à Donald Trump, un accord commercial a été conclu entre le président américain et Ursula von der Leyen. Objectif affiché : éviter une guerre commerciale ouverte entre les deux puissances.
Mais le prix à payer pour l’Union européenne laisse un goût amer à certains élus, dont Bertrand Pancher, ancien député LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) de la Meuse.
Ce dernier ne mâche pas ses mots. Il parle d’un accord « humiliant » dénonçant à la fois la forme et le fond. Résolu à ne pas laisser passer ce qu’il considère comme un recul majeur pour l’Europe, il lance un appel clair : boycotter les produits américains.
Pour soutenir cette mobilisation, il développe une application mobile citoyenne, simple et gratuite, destinée à aider les consommateurs à orienter leurs achats. Son nom : « No Merci ».
Un accord qui fâche : 15 % de droits de douane sur les exportations européennes
Selon les termes de l’accord signé le 27 juillet dernier, les États-Unis imposent depuis le 7 août une taxe de 15 % sur la majorité des produits européens exportés vers leur territoire. En contrepartie, Bruxelles s’engage à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine en trois ans, à investir 600 milliards sur le sol américain et à accroître ses achats d’armement.
Pour Donald Trump, c’est un compromis habile qui évite l’escalade. Pour le commissaire européen au Commerce, Marcos Sefcovic, c’est un mal nécessaire pour écarter la menace d’une taxe à 30 %. Mais pour Bertrand Pancher, c’est une capitulation pure et simple : « Trump claque des doigts, impose ses conditions, et l’Europe s’exécute sans débat, ni mandat, ni transparence.«
Il critique vertement le rôle de la Commission européenne, qu’il accuse d’avoir agi sans informer, ni consulter les instances politiques démocratiquement élues, comme le Parlement européen ou les parlements nationaux.

« No Merci », une application pour agir dans les rayons
Pour passer de l’indignation aux actes, l’ex-député meusien mise sur le levier du consommateur. Son initiative ? Une application mobile qui permet, en scannant un code-barres, de savoir si un produit provient des États-Unis.
- Rouge : c’est américain. L’application recommande de le boycotter ;
- Vert : c’est français ou européen. L’achat est encouragé.
Bertrand Pancher explique : « Je pense que les consommateurs européens, s’ils votent à travers leurs caddies, ça va faire bouger les choses.«
Développée par une équipe de jeunes professionnels, l’appli sera disponible gratuitement dans les semaines à venir. Elle est conçue pour être intuitive et rapide. Une version anglaise est déjà en cours de développement pour un déploiement à l’échelle européenne.
Boycotter pour peser sur les entreprises américaines
Bertrand Pancher rappelle que les appels au boycott, bien que parfois négligés, peuvent avoir un impact financier majeur. Il cite notamment l’exemple de Tesla, dont la valorisation en bourse aurait chuté de 70 milliards de dollars après une vague de désamour en Europe liée à l’implication politique d’Elon Musk aux côtés de Donald Trump.

« Les marques américaines sont fragiles car cotées en bourse. Une baisse des ventes envoie un signal immédiat aux investisseurs. Et les fonds de pension américain, qui soutiennent ces entreprises, détestent l’instabilité« , analyse-t-il.
Il insiste aussi sur la facilité du boycott : » On n’est pas obligé d’acheter du whisky américain quand on a du whisky français. Pareil pour les shampoings.«
Au-delà de l’aspect commercial, la sortie de Bertrand Pancher révèle un malaise plus profond quant au rôle et à la puissance politique de l’Union européenne. Selon lui, cet épisode démontre une nouvelle fois que l’Europe, malgré sa puissance économique, reste un « nain politique« .
Bertrand Pancher plaide d’ailleurs pour une Europe plus fédérale, plus démocratique, et capable de défendre ses intérêts stratégiques sur la scène internationale.
Un soutien mitigé au sein de la classe politique française
Si les réactions officielles françaises sont prudentes, plusieurs voix s’élèvent pour demander un rééquilibrage. François Bayrou évoque une « soumission » de l’Europe. Le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, reconnaît que l’accord doit être retravaillé. Quant au ministre de l’Industrie, Marc Ferraci, il n’exclut pas des mesures de rétorsion, comme restreindre l’accès à des entreprises américaines aux marchés publics européens.
Mais aucun membre du gouvernement n’a, à ce jour, ouvertement soutenu l’appel au boycott de Bertrand Pancher.

Malgré l’absence de relais institutionnels pour le moment, l’ancien député reste convaincu que la mobilisation citoyenne peut faire la différence :
« On l’a vu au Canada, au Mexique, avec Gaza ou même en France avec certaines marques. Dès que la bourse flanche, les PDG américains réagissent. L’arme fatale aujourd’hui, c’est le consommateur.«
Avec « No Merci », il entend transformer ce pouvoir latent en outil d’influence directe.
Un test grandeur nature pour la mobilisation citoyenne
Alors que l’accord est entré en vigueur le 7 août, les États-Unis et l’Europe entament une période d’adaptation commerciale et diplomatique. Mais dans les rayons des supermarchés, une autre bataille commence, plus silencieuse, mais peut-être tout aussi stratégique : celle du consommateur face aux choix politiques.
Avec une appli, un scan, et un clic, chacun pourrait bientôt voter… avec son portefeuille.
Léa CANET
