Fermeture du centre des dépistages des cancers 88 : les élus montent au créneau

Le député vosgien Stéphane Viry dénonce la fermeture du centre de dépistage des cancers d’Épinal, jugée brutale et sans concertation. Il alerte sur les conséquences pour les habitants et appelle à maintenir un service de prévention de proximité dans le département.

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Pixabay • image d’illustration

La décision de fermer le centre de coordination des dépistages des cancers situé à Épinal d’ici fin octobre continue de provoquer de vives réactions dans les Vosges.

En première ligne, le député de la première circonscription, Stéphane Viry, dénonce une décision qu’il juge injustifiée, brutale et sans concertation. Une position partagée par son collègue du groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), Christophe Naegelen, député de la troisième circonscription des Vosges.

Pour Stéphane Viry, cette fermeture aura des conséquences concrètes et préjudiciables pour les habitants, en particulier les plus fragiles.

Des propos recueillis par Léa CANET

Une décision sans concertation ni explication

Depuis l’annonce officielle, aucune explication précise n’a été communiquée sur les raisons de cette fermeture. Si les autorités nationales assurent que la mission de dépistage des cancers sera maintenue dans le département, aucune réponse détaillée n’a été apportée sur le sort réservé au centre spinalien ni sur les modalités concrètes des éventuels services de remplacement.

La structure qui gérait le centre ne semble pas avoir consulté les élus ni les acteurs de santé locaux avant de prendre sa décision. La fermeture paraît avoir été actée lors d’une réunion interne, sans évaluation des répercussions territoriales. Cette absence de dialogue a été perçue comme un manque de considération pour les réalités locales.

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Le député vosgien Stéphane Viry est mobilisé contre la fermeture du centre des dépistages

Des raisons budgétaires évoquées

Des éléments relayés localement laissent penser que des contraintes financières seraient à l’origine de cette fermeture. Cette hypothèse reste néanmoins officieuse, aucun document, ni justificatif précis n’ayant été transmis aux élus.

Pour autant, la perspective de difficultés budgétaires ne suffit pas, selon Stéphane Viry, à légitimer la suppression pure et simple d’un service public. Dans un tel cas, des solutions alternatives auraient pu être explorées : discussions partenariales, mobilisation de nouveaux financeurs, recherche de soutiens institutionnels.

Rien de tel n’a été tenté avant l’annonce, ce qui alimente la colère et l’incompréhension.

Des propos recueillis par Léa CANET

Un affaiblissement de la politique de prévention

Le centre de coordination des dépistages des cancers vosgien occupait une place stratégique importante dans la mise en œuvre des campagnes de dépistage des cancers du sein, du côlon ou encore du col de l’utérus. Il assurait la gestion des dossiers, l’accompagnement des patients et la coordination entre professionnels de la santé.

Sa disparition pourrait provoquer une désorganisation des parcours de prévention, pourtant essentiels dans la lutte contre les cancers.

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Des délais d’analyse rallongés sont craints en cas de fermeture du centre

La suppression de cette structure risque de rallonger les délais de dépistage des cancers, de créer des ruptures d’information et de rendre l’accès plus difficile, en particulier pour les personnes âgées ou isolées. Dans un département rural comme les Vosges, où l’accès au soin est déjà parfois complexe, cette évaluation est perçue comme un véritable recul sanitaire.

Un service utile et reconnu

Jusqu’ici, le centre d’Épinal était identifié comme un acteur efficace, bien implanté dans le tissu local et reconnu pour sa capacité à mobiliser les professionnels de santé autour des campagnes de prévention des cancers. Son rôle dépassait la simple gestion administrative : il favorisait l’accessibilité, l’information et la participation aux dépistages.

Sa fermeture interroge d’autant plus que les ambitions portées au niveau national par la stratégie décennale de lutte contre le cancer fixe comme priorité la réduction des cancers évitables grâce à un dépistage accru. Dans ce contexte, supprimer un outil de proximité questionne sur la cohérence des politiques de santé publique sur le terrain.

Une mobilisation politique et citoyenne en cours

Face à cette décision, les initiatives de soutien se multiplient. Au niveau institutionnel, une motion a été votée par le Conseil départemental des Vosges pour affirmer l’opposition à la fermeture.

Le député Stéphane Viry, quant à lui, a interpellé la directrice régionale des centres de dépistages Grand Est ainsi que la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin.

Des propos recueillis par Léa CANET

Parallèlement, une pétition en ligne lancée pour protester contre la fermeture a déjà recueilli plus de 5 000 signatures. Une mobilisation populaire qui reflète l’attachement des habitants à ce service de santé de proximité.

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La pétition lancée en signe de protestation face à la fermeture du centre a déjà recueilli plus de 4 000 signatures

Des signaux récents émanant du gouvernement laissent penser que des solutions de remplacement sont à l’étude. Des « plans B » seraient en préparation, mais leur nature exacte, leur mise en œuvre, leur accessibilité et leur efficacité restent pour l’heure inconnues.

Les élus locaux se montrent donc prudents, souhaitant s’assurer que toute solution de substitution offrira des garanties équivalentes en matière de qualité de service et de proximité.

Une vigilance maintenue tout l’été

La mobilisation devrait se poursuivre durant l’été, dans l’attente des décisions concrètes. Stéphane Viry et son collègue, le député de la troisième circonscription des Vosges, Christophe Naegelen, entendent maintenir la pression sur les autorités régionales et nationales, convaincus que des solutions existent pour éviter une fermeture brutale.

En ce sens, une motion de soutien face à la fermeture du centre des dépistages a été également votée par le Conseil départemental des Vosges plus tôt dans la semaine.

Pour les élus, il est encore temps de préserver un service de santé essentiel, au service de la prévention, de l’égalité d’accès aux soins et de la cohésion territoriale.

Léa CANET