Loi Duplomb : la FRSEA Grand Est s’exprime après les propos de Sandrine Rousseau du 17 juillet
Sandrine Rousseau a créé la polémique jeudi 17 juillet en déclarant n’en avoir « rien à péter de la rentabilité des agriculteurs » alors qu’elle était interrogée sur la loi Duplomb.
Au cœur d’un été marqué par des tensions persistantes entre écologie politique et monde agricole, la récente loi portée par le sénateur Laurent Duplomb (Les Républicains) remet sur le devant de la scène une question sensible : l’usage encadré de certains pesticides en France.
Dans ce contexte déjà complexe, des propos tenus le 17 juillet par la députée écologiste du 9ème arrondissement de Paris, Sandrine Rousseau, ont enflammé le débat, révélant une fracture toujours plus profonde entre deux visions de la société.
Ce qu’il faut savoir sur la loi Duplomb
La loi Duplomb vise à encadrer de manière exceptionnelle et temporaire la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde autorisé par l’Union européenne jusqu’en 2023, mais interdit en France depuis 2020.
Cette mesure a pour but de soutenir des filières agricoles particulièrement fragilisées, comme la betterave sucrière ou la noisette.
Ce retour est cependant conditionné à un encadrement stricte : un réexamen est prévu après trois ans, et il sera interdit de planter, sur les parcelles traitées, des végétaux attirant les pollinisateurs.
L’État, de son côté au travers de la loi Duplomb, s’engage à accompagner les agriculteurs dans la recherche de solutions alternatives et à les indemniser en cas de pertes économiques lorsque les alternatives aux pesticides sont inexistantes ou insuffisantes.

Un comité consultatif est également crée pour identifier et promouvoir des solutions viables de protections des cultures. Sur un autre plan, la loi autorise les distributeurs de produits phytopharmaceutiques, comme les coopératives agricoles, à conseiller les agriculteurs.
En revanche, les fabricants restent exclus de cette mission pour éviter tout conflit d’intérêts. Un « conseil stratégique global » est mis en place pour guider les exploitants dans leurs décisions, en cohérence avec les objectif de la loi d’orientation agricole.
Sandrine Rousseau au cœur d’une nouvelle polémique
Mais la loi Duplomb, bien que technique et orientée vers une meilleure conciliation entre écologie et production agricole, a été reléguée au second plan par une tempête médiatique déclenchée par Sandrine Rousseau. L’élue écologiste à susciter l’indignation en affirmant publiquement qu’elle n’en avait « rien à péter de la rentabilité des agriculteurs ». Une déclaration brutale qui a immédiatement provoqué une levée de bouclier dans le monde agricole.

La branche régionale de la FNSEA, la FRSEA Grand Est, par l’intermédiaire de son président Fabrice Couturier, a dénoncé des propos jugés insultants et déplacés. Si aucune action judiciaire n’est engagée pour l’instant, le syndicat agricole indique qu’il se réserve le droit de saisir la justice si nécessaire.
Du côté des agriculteurs, les propos tenus par la député au sujet de la loi Duplomb ne passent pas. Le président de la FRSEA rappelle que leur métier ne se limite pas à produire pour vendre : il est profondément lié à des enjeux de société. Produire de la nourriture en quantité suffisante et de qualité est un acte citoyen. C’est aussi un engagement au service de la souveraineté alimentaire de la France. Pour eux, les critiques adressées à la rentabilité des exploitations sont injustes et déconnectées des réalités du terrain.

Fabrice Couturier exprime sa consternation devant ce qu’il considère comme un mépris de classe à peine déguisé. Il estime qu’il ne s’agit pas seulement d’une attaque envers les agriculteurs mais envers tous ceux qui se lèvent chaque matin pour faire fonctionner le pays, produire, servir et créer de la valeur.
Il s’inquiète aussi de l’influence que peuvent avoir de telles figures politiques, enseignantes de surcroît, sur les jeunes générations, qu’elles pourraient selon lui « formater » à des logiques déconnectées du réel.
Une controverse qui survient dans un contexte déjà tendu
Cette controverse intervient dans un contexte où les exploitants agricoles souffrent de plus en plus d’un sentiment d’abandon. Entre normes toujours plus contraignantes, difficultés économiques, pression écologique et manque de reconnaissance, la profession traverse une période délicate.
L’hostilité croissante d’une partie de l’opinion publique, ou du moins d’une certaine élite politique, n’arrange rien. Le fossé se creuse entre les discours militants et les exigences concrètes du terrain.

Alors que le gouvernement tente avec la loi Duplomb de trouver un équilibre entre production agricole, respect de l’environnement et réalités économiques, des sorties verbales comme celle de Sandrine Rousseau apparaissent comme des provocations inutiles.
Elles détournent l’attention du débat de fond : comment faire évoluer l’agriculture vers un modèle plus durable sans sacrifier les agriculteurs eux-mêmes ?
Léa CANET
