Mutuelle communale : une nouvelle offre santé solidaire pour les Nancéiens en 2025
Mutuelle communale à Nancy : une solution santé solidaire, accessible à tous les habitants, sans conditions de ressources, pour alléger le budget santé.
Une mutuelle communale solidaire, ouverte à tous les Nancéiens
Elle devrait être lancée officiellement à la fin du mois d’août, la mutuelle communale de Nancy s’adresse à tous les habitants de la ville ainsi qu’aux personnes qui y travaillent. Elle est conçue pour être inconditionnelle : aucun critère de revenus, aucun justificatif à produire. L’objectif est clair : proposer une couverture santé à ceux qui, aujourd’hui, n’en ont pas ou plus les moyens.
« C’est une mutuelle faite pour que tout le monde puisse y accéder, surtout les travailleurs pauvres, c’est-à-dire ceux qui ne bénéficient pas de la C2S ou de la ME et qui sont souvent juste au-dessus », explique Marc Tenenbaum, adjoint au maire en charge de la santé et médecin généraliste à Nancy, au micro de la rédaction de Magnum la Radio.
Il précise que le dispositif vise également des publics souvent oubliés du système : étudiants, seniors, chômeurs, indépendants ou professions libérales précaires. « Finalement, ça touche une grande partie de la population », résume-t-il.
Le constat alarmant : un accès aux soins trop inégal
Sur le terrain, le besoin est urgent. À Nancy, 31 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Une statistique qui se traduit chaque jour dans les cabinets médicaux. Marc Tenenbaum raconte : « Je dis aux gens : vous n’avez pas fait la radio que je vous avais prescrite ? Et la réponse revient souvent : docteur, je n’ai pas de mutuelle, je n’ai pas les moyens. »
La flambée des prix des complémentaires accentue encore cette fracture sanitaire. « Les mutuelles ont augmenté de plus de 8 % l’année dernière. Les gens disent aussi : j’y arrive plus, je vais arrêter. » Résultat : des retards de diagnostics, des soins non réalisés, une santé dégradée.
Une mutuelle à tarif négocié, encadrée et sans participation de la Ville
Pour répondre à ce besoin croissant, la Ville de Nancy et son CCAS se sont engagés dans une démarche de sélection de partenaires mutualistes. Jusqu’au 7 juillet 2025, plusieurs offres sont examinées, en vue de signer un partenariat définitif début août pour la mutuelle communale. La municipalité garantit un cadre sécurisé : pas de participation financière publique, mais un fort accompagnement logistique et humain.
« Ce n’est pas une externalisation d’une mission de l’État », affirme Tenenbaum. « La Ville ne finance pas la mutuelle. Elle met à disposition des moyens, elle facilite. Et je ne pense pas qu’on puisse nous reprocher de proposer une solution solidaire. »
Le partenariat prévoira des tarifs préférentiels bloqués sur deux ou trois ans, une mensualisation des paiements, et l’organisation de permanences physiques ou téléphoniques. Si les mutuelles choisies n’ont pas de locaux à Nancy, la Ville s’engage à fournir un lieu d’accueil pour permettre un suivi de proximité.

Un enjeu de santé publique locale majeur
Au-delà de l’aspect économique, la mutuelle communale s’inscrit dans une stratégie plus large de santé publique. L’objectif est aussi de lutter contre un phénomène désormais bien connu : le non-recours aux droits. « Encourager les gens à se soigner, à faire de la prévention, c’est aussi ça, notre rôle », insiste Marc Tenenbaum.
L’élu se dit convaincu que la mutuelle communale aura un impact réel sur la santé des Nancéiens, en levant l’un des principaux freins actuels : le coût. Il raconte : « Je vois des gens à qui je dis : vous n’aurez pas grand-chose à charge, et ils me répondent : je n’ai pas de mutuelle. Ce genre de situation est beaucoup plus fréquent qu’on ne l’imagine. »
La mutuelle communale de Nancy vise donc aussi à restaurer la confiance dans le système de soins, à redonner de la visibilité à ceux qui se sentent exclus. « C’est une belle avancée sociale, je suis très content qu’on propose ça à notre population », confie-t-il.
Un dispositif inclusif qui pourrait concerner plusieurs milliers d’adhérents
Si le lancement officiel est prévu pour la dernière semaine d’août, les premiers retours sont déjà positifs. « Les gens à qui j’en parle sont dans l’attente. Ils disent merci. Je pense qu’on aura une forte adhésion dès le départ », anticipe Marc Tenenbaum.
Le bouche-à-oreille jouera un rôle crucial dans la diffusion de l’information, même si la Ville prévoit une campagne d’information spécifique dans les semaines qui précéderont l’ouverture des adhésions. L’objectif serait de toucher plusieurs milliers de foyers concernés par la précarité sanitaire.
« C’est une belle opportunité, une belle avancée au niveau social et solidaire », lance l’élu, optimiste sur l’impact concret de la mutuelle communale.
Un modèle inspirant pour d’autres collectivités ?
Avec cette mutuelle communale, Nancy s’inscrit dans une dynamique déjà initiée par d’autres villes de France mais aussi dans la région, mais avec une approche singulière : aucun financement public, pas de conditions de ressources, accompagnement humain renforcé.
À Saint-Dié-des-Vosges, une initiative similaire a vu le jour en janvier 2024 avec le programme « Ma Commune assure », fruit d’un partenariat entre la municipalité et l’association Mutua+. Cette mutuelle communale, accessible sans condition d’âge, de sexe ou de revenu, offre des tarifs négociés pouvant représenter une économie mensuelle de 40 à 80 euros pour des prestations équivalentes à celles des contrats individuels.

Ces initiatives illustrent une volonté commune des collectivités locales de renforcer la solidarité et de garantir une couverture santé équitable pour tous les citoyens. Comme le rappelle Marc Tenenbaum, « si les pouvoirs publics nationaux n’agissent pas, il est légitime que les territoires prennent le relais, dans l’intérêt de leur population. »
Une avancée solidaire pour une ville plus juste
Nancy franchit un cap avec cette mutuelle communale. En s’attaquant directement à la fracture sanitaire, la municipalité montre qu’il est possible d’agir localement, efficacement, et sans dépenser plus. Reste à faire connaître cette nouvelle offre, et à accompagner les Nancéiens dans cette démarche qui pourrait bien changer leur quotidien.
