Les Restos du Cœur 88 cherchent des bras : plus de 15 % de la population vit sous le seuil de pauvreté dans les Vosges

Les Restos du Cœur 88 cherchent à renforcer leurs équipes…

Restos du cœur 88

Face à une précarité galopante, les Restos du Cœur 88 tirent la sonnette d’alarme : l’association cherche en urgence des bénévoles, notamment pour son entrepôt d’Épinal.

Dans les Vosges, plus de 15 % de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Un chiffre alarmant qui témoigne d’une réalité de plus en plus difficile à ignorer. En première ligne face à cette montée de la précarité : les Restos du Cœur 88, dont le président, Philippe Jasko, appelle aujourd’hui à la mobilisation citoyenne. « Depuis le début de l’année, nous constatons une hausse de 10 à 15 % du nombre de repas distribués dans le département », alerte-t-il. Un bond brutal, qui oblige l’association à adapter son organisation… et à étoffer ses équipes.

Une précarité croissante et des besoins urgents pour les Restos du Cœur 88

« Ce n’est pas un besoin structurel, mais un besoin ponctuel devenu pressant », précise Philippe Jasko. En clair, les Restos du Cœur 88 doivent aujourd’hui faire face à un afflux plus important d’usagers que les années précédentes. Si cette hausse était prévisible au vu de l’inflation persistante, elle s’accompagne de phénomènes plus difficiles à analyser. « Certaines personnes nous disent avoir quitté d’autres associations pour rejoindre les Restos. Les raisons ne sont pas toujours très claires. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que les chiffres parlent d’eux-mêmes », poursuit-il.

Aujourd’hui, les Restos du Cœur 88 comptent 25 centres répartis sur l’ensemble du territoire vosgien et mobilisent déjà 650 bénévoles. Mais cela ne suffit plus. L’urgence est surtout logistique. L’entrepôt d’Épinal, plaque tournante de l’approvisionnement, manque cruellement de bras. « Nous n’avons actuellement que quatre ou cinq chauffeurs-livreurs pour desservir 25 centres. C’est insuffisant. Nous cherchons aussi des manutentionnaires, des préparateurs de commandes, et même des responsables d’entrepôt. »

Restos du cœur 88
CENTRE DES RESTOS DU COEUR ANTENNE DEPARTEMENTALE A MARSEILLE, FRANCE LE 4 JUILLET 2024 PHOTO: © SYLVIE GROSBOIS

Des missions variées et une grande souplesse d’organisation

Ce qui distingue l’appel lancé par les Restos du Cœur 88, c’est son ouverture : toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, quelles que soient les compétences ou la disponibilité. « Le bénévolat a changé. Aujourd’hui, les gens proposent une aide ponctuelle, quelques heures ici ou là. À nous de nous adapter », reconnaît Philippe Jasko. L’organisation des Restos dans les Vosges est donc désormais pensée autour des souhaits et contraintes des bénévoles. « Certains viennent le samedi, d’autres seulement en soirée. On fait en fonction. »

L’appel des Restos du Cœur 88 s’adresse aussi bien à des retraités qu’à des actifs ou des étudiants. Et il ne concerne pas uniquement les profils logistiques. L’association cherche également des bénévoles pour l’accompagnement scolaire, des coiffeurs, des cuisiniers, des comptables, voire des secrétaires. « Je me plais à dire que j’ai besoin de bras, mais aussi de têtes… et parfois des deux à la fois. »

Le centre névralgique d’Épinal sous tension

L’entrepôt d’Épinal, situé rue de la Côte-Cabiche, est le cœur battant de l’association dans le département. C’est là que sont triées les denrées reçues soit de l’association nationale, soit collectées chaque matin dans les grandes surfaces partenaires. « Ensuite, on prépare les commandes selon les besoins de chaque centre. Il faut les charger dans les camions et livrer, le tout dans la journée ou la demi-journée. »

Les bénévoles des Restos du Cœur 88 ne sont jamais seuls. Pour des raisons de sécurité et de convivialité, ils travaillent toujours en binôme, voire en trinôme. Quant aux qualifications, elles ne sont pas un frein. « Même si les gens n’ont pas le CACES, je peux leur délivrer une autorisation de conduite après une formation pratique en interne, à condition d’avoir l’aptitude médicale. Et ceux qui n’ont pas le permis peuvent aider à l’entrepôt, sans être sur la route. Il y a une mission pour chacun. »

Une action qui dépasse l’aide alimentaire

Au-delà des colis alimentaires, les Restos du Cœur 88 mènent aussi un travail en profondeur sur la réinsertion sociale. « Notre mission ne se limite pas à distribuer des boîtes de conserve. Nous accompagnons les plus démunis vers une meilleure estime d’eux-mêmes, vers des projets. » Cela passe par des ateliers cuisine, des salons de coiffure, des espaces enfants, ou encore de l’aide à la parentalité.

L’association poursuit aussi une politique de développement active : ouverture de nouveaux centres, renforcement de l’offre pour la petite enfance, innovations dans l’accueil. Des évolutions indispensables… mais qui demandent encore plus de moyens humains.

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Un appel à l’engagement local

Pour faire face, Philippe Jasko en appelle donc à la solidarité vosgienne. « Les personnes que nous recevons ont vraiment besoin de nous. Ce ne sont pas des profiteurs, comme certains clichés voudraient le faire croire. Ce sont des voisins, des familles, des retraités, des jeunes en galère. Ils comptent sur nous. Et nous avons besoin de vous. »

Lui-même donne son numéro de téléphone personnel : 06 86 18 15 95. Il assure répondre à tous les appels, sauf peut-être « entre minuit et deux heures du matin », plaisante-t-il. « Quiconque souhaite donner un peu de son temps, de son énergie ou de ses compétences trouvera sa place chez nous. On s’adaptera. Et je peux vous assurer que vous repartirez avec le sentiment d’avoir été utile. »

Des propos recueillis par Juliette Schang
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