Transports à Nancy : 65 ans et plus, vous pouvez voyager gratuitement sur le réseau Stan !
Grâce à un abonnement gratuit, les séniors de plus de 65 ans peuvent voyager librement dans les transports en commun nancéiens.
Depuis aujourd’hui, le 1er août 2025, les habitants de la Métropole du Grand Nancy âgés de 65 ans et plus peuvent circuler gratuitement sur le réseau Stan. Une mesure emblématique, à fort impact social, mise en œuvre par Keolis à la demande de la métropole. Gaëlle Bardoul, directrice générale de Keolis Nancy, revient pour nous sur les dessous de cette initiative et ses implications concrètes.
Une décision politique, une mise en œuvre technique rodée
C’est la Métropole du Grand Nancy qui a pris la décision d’étendre la gratuité des transports en commun aux plus de 65 ans. En tant qu’exploitant du réseau Stan, Keolis est chargé d’en assurer la mise en œuvre. « Notre rôle, explique Gaëlle Bardoul, c’est de distribuer les abonnements gratuits à toutes les personnes éligibles qui en font la demande, afin qu’elles puissent disposer de leur titre. »
Il s’agit concrètement d’un abonnement annuel gratuit, chargé sur la carte Simplicités. Cette carte permet de valider chaque trajet, comme pour n’importe quel abonnement payant. Les bénéficiaires doivent donc simplement recharger leur carte existante ou en demander une nouvelle. « Nous avons appliqué exactement le même modèle que pour la gratuité des moins de 18 ans », précise-t-elle.

Pas de défi technique majeur, mais une attention portée à la pédagogie
Sur le plan technique, la mise en place ne pose pas de difficulté particulière. Le dispositif s’appuie sur une infrastructure déjà en place et bien maîtrisée. Cependant, un point de vigilance demeure : la validation à chaque montée dans le bus ou le tram, qui reste obligatoire, même si l’abonnement est gratuit. « C’est une règle que beaucoup de passagers, notamment les nouveaux bénéficiaires, oublient », reconnaît Gaëlle Bardoul.
Pour sensibiliser les seniors, Keolis mise sur la pédagogie de terrain : « Lors du Stan Tour, quand les seniors viennent faire leur demande d’abonnement, on leur explique bien qu’il faudra valider à chaque montée. Cela permet de comptabiliser les trajets et d’ajuster l’offre de transport en fonction de la fréquentation. »
Et pour les usagers réguliers ? « Beaucoup de seniors qui prenaient déjà les transports ont l’habitude de valider leur carte. Ce ne sera donc pas un geste nouveau pour eux », ajoute-t-elle.
Une mesure sociale forte pour rompre l’isolement par les transports gratuits
Cette gratuité vise à encourager les déplacements des personnes âgées, souvent freinées par des considérations budgétaires. « L’enjeu, c’est de permettre à nos aînés de se déplacer librement, de rompre l’isolement, de maintenir leurs activités ou de rendre visite à leurs proches, sans avoir à se poser la question du coût », souligne la directrice de Keolis Nancy.
C’est aussi un geste fort en faveur de l’égalité d’accès aux services publics. Car le transport, pour beaucoup de seniors, n’est pas un luxe mais une nécessité : aller chez le médecin, faire ses courses, assister à des activités culturelles ou associatives.
Une démarche déjà testée auprès des jeunes… et des week-ends
Ce n’est pas la première fois que la métropole et Keolis collaborent pour proposer des mesures de gratuité ciblée. Depuis plusieurs années, les moins de 18 ans bénéficient d’un abonnement gratuit pour les transports en commun. « Plus de 85% de la tranche d’âge y ont souscrit. Cela leur permet de se déplacer pour leurs loisirs et facilite aussi l’organisation des sorties scolaires », explique Gaëlle Bardoul.
Autre exemple : la gratuité des transports le week-end. Là aussi, le succès est au rendez-vous : « On observe une hausse de fréquentation de près de 20% sur nos principales lignes. Les comptages réalisés sur les arrêts stratégiques parlent d’eux-mêmes. » Des chiffres qui confirment l’intérêt du public et la pertinence du modèle.

Un financement clair et encadré par la métropole
Mais qui paie ? Le financement de cette mesure, évalué à 1,3 million d’euros par an, est entièrement pris en charge par la Métropole du Grand Nancy. « Il s’agit d’un montant forfaitaire qui compense la perte de recettes liée à la gratuité », précise Gaëlle Bardoul. Contrairement à d’autres modèles basés sur le nombre de validations ou les niveaux de fréquentation, ici, tout est prédéfini. « Il ne s’agit pas pour Keolis de faire du bénéfice sur cette mesure, mais d’assurer son bon fonctionnement. »
Ce principe de compensation s’applique également aux autres dispositifs de gratuité déjà en place : week-ends et abonnements juniors.
Une tendance de fond dans les collectivités
À l’échelle nationale, de plus en plus de collectivités optent pour des dispositifs de gratuité partielle ou ciblée pour leurs transports en commun. Une orientation que Gaëlle Bardoul salue, avec nuance : « C’est une excellente chose pour favoriser l’usage des transports en commun et lutter contre l’autosolisme. Mais attention aux effets d’aubaine : il ne faut pas que des personnes qui marchaient ou faisaient du vélo se reportent massivement sur le bus. »
Car la finalité de ces mesures, rappelle-t-elle, reste de réduire l’usage de la voiture individuelle, pas de cannibaliser les mobilités actives. L’idéal ? Un système dans lequel marche, vélo et transports en commun se complètent, au détriment de l’autosolisme.
Et après ? D’autres publics concernés ?
L’extension de la gratuité à d’autres publics (personnes en situation de handicap, foyers à faibles revenus) fait partie des réflexions. Mais Keolis, en tant qu’opérateur, n’est pas décisionnaire : « La politique tarifaire est du ressort exclusif de la Métropole. Si elle décide d’élargir le dispositif, notre rôle sera de l’appliquer efficacement. »
Un modèle de transports gratuits qui s’installe durablement
À l’heure où les politiques publiques cherchent des leviers pour encourager la mobilité durable, la gratuité ciblée des transports s’impose comme un outil puissant. À Nancy, l’expérimentation des seniors pourrait bien faire école. Et pour Gaëlle Bardoul, le succès passe avant tout par une collaboration fluide avec les collectivités : « Dès lors qu’on nous donne les moyens de mettre en œuvre ces politiques, on peut aller loin. »

