Pierre Castor 07.05.2025 : Pourquoi dit-on qu’on “retourne sa veste” quand on change de camp ?
Pierre Castor 07.05.2025 : Pourquoi dit-on qu’on “retourne sa veste” quand on change de camp ?
Ah, les débats entre amis… Vous êtes tranquille en train de défendre bec et ongles le film préféré de votre enfance, quand soudain, votre meilleur pote — qui était 100 % d’accord avec vous il y a deux minutes — retourne sa veste et se range du côté adverse. Trahison ! Coup de poignard dans le popcorn ! Mais justement… pourquoi dit-on “retourner sa veste” ?
Eh bien, pour le savoir, il faut remonter le temps, direction le XVIIe siècle, époque où les soldats portaient des casaques — une sorte de grand manteau par-dessus l’uniforme. À l’époque, quand un soldat changeait de régiment, on disait qu’il “tournait casaque”. Et jusque-là, rien de péjoratif ! C’était comme changer de poste au boulot, sauf qu’il fallait aussi changer de drapeau.
Mais parfois, certains soldats, un peu moins courageux, tournaient casaque en plein champ de bataille… pour fuir ! Et en bonus, ils retournaient leur veste pour montrer les couleurs de l’ennemi, histoire de ne pas se faire embrocher par erreur. Malin ? Peut-être. Loyal ? Pas vraiment. D’ailleurs, nos voisins italiens ont immortalisé cette pratique avec l’expression voltare casacca.
Et ce n’est pas tout. La légende raconte qu’un certain Charles-Emmanuel de Savoie, gendre du roi d’Espagne, portait une veste biface — moitié France, moitié Espagne — prêt à la retourner en fonction du vent politique.
C’est finalement au XIXe siècle que l’expression prend son sens actuel : celui de trahison, d’opportunisme, du fameux “retourneur de veste professionnel”. Et même si la casaque est aujourd’hui réservée aux jockeys sur les hippodromes, le sens figuré, lui, galope toujours aussi vite dans nos conversations.