« Il voulait faire le plus de dégâts » : qui est l’élève qui a poignardé Mélanie G. à Nogent (52) ?
Mardi matin à Nogent, une surveillante du collège Françoise-Dolto a été mortellement poignardée par un élève de 14 ans. L’adolescent, interpellé rapidement, aurait agi « pour faire le plus de dégâts », selon le procureur.
Nogent (Haute-Marne) – L’émotion est immense à Nogent après le meurtre par un élève d’une surveillante du collège Françoise-Dolto, tuée mardi 10 juin au matin, devant l’établissement, par un élève de 3e âgé de 14 ans.
Les faits se sont produits entre 8h15 et 8h30, à l’entrée du collège, devant le portail de l’établissement, alors que les élèves étaient en train de se rendre en cours.
Le suspect, un élève du collège, a sorti de son sac un couteau de cuisine de 34 centimètres, doté d’une lame de 20 centimètres, puis a porté sept coups violents à la surveillante, Mélanie G., âgée de 31 ans. Grièvement blessée, elle a succombé à ses blessures à 10h10 malgré l’intervention rapide des secours.
D’autres morts évités de peu grâce à la présence des gendarmes
Les gendarmes, présents ce matin-là pour un contrôle aléatoire des sacs dans le cadre d’une opération de prévention contre les armes blanches, ont maîtrisé l’agresseur en quelques instants. L’un des militaires a été blessé à la main en intervenant et s’est vu prescrire 10 jours d’incapacité totale de travail.
L’opération de contrôle n’était pas exceptionnelle : depuis les directives renforcées du ministère de l’Éducation nationale du 26 mars, après plusieurs drames similaires, par exemple dans l’Essonne et à Nantes, 22 contrôles de ce type ont été menés en Haute-Marne, dont un le 25 avril dans ce même établissement. Aucune arme n’a été découverte lors de ce contrôle.
« Sans leur présence, l’issue aurait pu être encore plus tragique », a souligné Denis Devallois, le procureur de la République de Chaumont, lors de la conférence de presse.

Il est revenu sur les faits lors de la conférence de presse qui a eu lieu cet après-midi à 17h.
Une victime très appréciée
Mélanie G., assistante d’éducation depuis septembre 2024, était unanimement reconnue pour son professionnalisme et son engagement.
Mère d’un enfant de 4 ans, elle faisait partie intégrante de la communauté éducative de ce collège situé en zone rurale. Elle est décrite par tous les témoignages comme une personne particulièrement appréciée, notamment dans l’exercice de sa profession.
Une autopsie a révélé sept plaies, principalement sur le côté gauche du corps, ainsi que des blessures de défense aux mains. L’un des coups, porté dans le dos, d’une profondeur de 18 centimètres, lui a été fatal.

Un adolescent sans antécédents judiciaires mais fasciné par la violence
Le mis en cause, né en août 2010, était scolarisé en classe de Troisième au collège Françoise Dolto. Il est décrit comme un élève sociable, bon dans ses résultats, référent anti-harcèlement dans l’établissement. Il vient d’une famille sans antécédents judiciaires, stable et insérée socialement.
Cependant, il avait été sanctionné à deux reprises fin 2024 pour des actes de violence envers d’autres élèves. L’enquête a établi qu’il avait fait l’objet de deux sanctions disciplinaires en novembre et décembre 2024, une pour avoir porté des coups de poing à un camarade de classe, une autre pour avoir frappé un élève de Sixième. Pour ces faits, deux sanctions disciplinaires ont été apportées par l’établissement scolaire : une exclusion des cours pendant une journée avec présence au collège pour les premiers faits, puis une exclusion complète d’une journée pour les seconds. Depuis, aucun nouvel incident n’était intervenu dans l’établissement.
En garde à vue, l’adolescent a reconnu les faits mais se montre détaché, tant au regard de la gravité des faits reprochés que des conséquences vis-à-vis de lui-même.
Il reconnaît être l’auteur du passage à l’acte, mais ne l’explique pas véritablement. Il n’exprime pas de regrets ni aucune compassion pour les victimes.
Il évoque une rancœur vis-à-vis des surveillantes, qu’il accuse d’avoir un comportement injuste, bien qu’il ne sache expliquer précisément pourquoi.

L’élève affirme avoir ressassé son projet dès le samedi précédent, le 7 juin, après avoir été réprimandé la veille pour avoir embrassé sa petite amie dans l’enceinte du collège. Il déclare avoir choisi sa victime au hasard parmi les surveillantes.
« Il voulait, selon ses termes, faire le plus de dégâts », a précisé le procureur. L’adolescent a également fait part de son attrait pour la violence, la mort, et pour les personnages sombres de la fiction, sans pour autant présenter de troubles mentaux selon les premières observations.
Une enquête complexe et un soutien renforcé
L’enquête, désormais qualifiée de meurtre aggravé, a été confiée à la section de recherches de Reims. Le jeune suspect risque jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle, peine maximale encourue par un mineur dans ce type de crime.
Près de quarante enquêteurs sont mobilisés pour faire la lumière sur les circonstances du passage à l’acte, ses motivations réelles, et évaluer le profil psychologique du mis en cause.

À l’heure actuelle, la garde à vue de l’intéressé a été prolongée et se poursuit avec la réalisation de nouvelles auditions. À l’issue de la garde à vue, demain, il devrait être présenté à un juge du pôle de l’instruction de Dijon.
La priorité est au soutien psychologique après le drame de Nogent
Un important dispositif d’accompagnement psychologique a été mis en place dès mardi, à destination des élèves, des familles, et du personnel éducatif. La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, s’est rendue sur place le jour du drame pour exprimer son soutien.
La préfecture, le rectorat, les services sociaux, la gendarmerie et les élus locaux sont mobilisés. Le collège reste sous haute surveillance.
La préfète de la Haute-Marne a également adressé son soutien et celui des services de l’État à la famille de l’assistante d’éducation à la communauté éducative éprouvée après l’agression mortelle au collège de Nogent, par voie de presse.
Depuis ce mardi matin, une cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) est installé au groupe scolaire Baudon Rostand à Nogent et peut-être consulté de 8h à midi et de 14h à 16h, ou en composant le 15.
L’accompagnement psychologique est essentiel tant pour les élèves que pour les personnels concernés par ce drame.
Dès hier, sous l’autorité de la préfète, un centre d’accueil des parents d’élèves avaient été mis en place dans un gymnase mis à disposition par le maire de Nogent.
Un premier dispositif d’accompagnement psychologique organisé par le SDIS, la Croix-Rouge et la Protection civile, renforcé par la CUMP avait été ouvert de 13h30 à 17h30.
Informé par l’établissement scolaire, les parents ont retrouvé leurs enfants après le déjeuner.
Une minute de silence et une marche blanche
Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, a demandé à ce qu’une minute de silence soit observée, demain, jeudi 12 juin, à midi, par tous les élèves et personnels dans tous les établissements scolaires.
Une marche blanche, organisée par la famille de la victime, aura lieu ce vendredi à 18 h, au départ du collège Françoise-Dolto, là où Mélanie travaillait.