Trains de nuit en Lorraine : syndicats et usagers se mobilisent à Nancy, comme en 2024
Rassemblement à Nancy pour défendre les trains de nuit en Lorraine : usagers, élus et syndicats demandent l’arrêt des lignes Paris-Vienne et Paris-Berlin.
Un rassemblement est organisé ce samedi 15 novembre à 11h30 devant la gare de Nancy pour défendre le retour des trains de nuit, obtenir l’arrêt de la liaison Paris-Vienne en Lorraine et réclamer la création de lignes vers la Méditerranée. Les syndicats, les associations d’usagers et des élus seront présents pour porter une même demande : replacer la Lorraine sur la carte des trains de nuit.
Un contexte national tendu autour de la relance des trains de nuit
Les trains de nuit font à nouveau partie des grands débats nationaux sur l’aménagement du territoire. Alors que 91 000 personnes ont signé une pétition pour sauver les lignes Paris-Vienne et Paris-Berlin, les parlementaires ont adopté fin octobre un amendement rétablissant leur financement.
Mais sur le terrain, les inquiétudes persistent : la SNCF ne vend toujours pas les billets, les voyageurs ignorent parfois l’existence même de ces trains, et l’avenir du Paris-Berlin suscite de fortes tensions depuis que l’exploitation pourrait être reprise par une alliance néerlandaise et belge, avec un itinéraire modifié via Bruxelles au lieu de Strasbourg.
C’est dans ce contexte que la CGT Cheminots Toul–Neufchâteau et le Groupe local Greenpeace Nancy appellent à un rassemblement samedi 15 novembre. Une mobilisation qui s’inscrit dans la continuité de celle de l’an dernier, déjà organisée à Nancy pour défendre les trains de nuit.
Nancy, un arrêt stratégique oublié : “le centre de la Lorraine”
Pour Stéphane Busolini, secrétaire de la CGT Cheminots Toul Neufchâteau et Environs, l’enjeu est clair : Nancy doit devenir un arrêt officiel sur les lignes internationales.
Actuellement, les trains marquent un arrêt technique… sans permettre la montée ni la descente des voyageurs. Un non-sens pour les syndicats et les usagers.
« Nancy, c’est le centre de la Lorraine. Depuis ici, on peut irriguer Metz en 38 minutes, Épinal en moins d’une heure, et toute la ligne classique vers Neufchâteau et Dijon. C’est une ligne qui roule la nuit pour le fret : il y a largement la place pour faire rouler les trains de nuit », explique-t-il.
Stéphane Busolini au micro de la rédaction
Pour eux, l’arrêt à Nancy ne coûterait rien de plus, mais augmenterait mécaniquement la fréquentation. Busolini insiste : un arrêt stratégique permettrait de reconnecter la Lorraine à l’Europe, alors même que Strasbourg est déjà desservie.
Le message sera relayé ce samedi avec le soutien du Grand Nancy, présent lors du rassemblement. L’un des élus les plus engagés, Bertrand Euclès, défend depuis longtemps la relance des trains de nuit vers le Sud depuis Nancy.



L’aménagement du territoire au cœur des revendications
Derrière cette mobilisation, une conviction : les trains de nuit sont un outil clé d’égalité territoriale.
La disparition de nombreuses lignes historiques a progressivement isolé certaines villes moyennes.
« Les trains de nuit permettent à des populations dépourvues de TGV ou de grande vitesse de se déplacer sans forcément passer par Paris », rappelle Stéphane Busolini. Il évoque les anciennes liaisons Metz–Nice ou Metz–Montpellier : autant de trajets directs qui existaient encore il y a quelques années et qu’il juge totalement cohérents à relancer.
Dans la nuit, explique-t-il, le temps de trajet devient “transparent” :
« Voyager la nuit, c’est ne pas perdre une journée. On dort dans le train, on arrive reposé et on économise parfois une nuit d’hôtel. »
Un argument économique, mais aussi écologique : éviter les avions court-courriers, limiter la voiture et désengorger les routes.
Quid des trains de nuit vers la Méditerranée ? Une promesse présidentielle encore en suspens
Au-delà du Paris-Vienne et du Paris-Berlin, un autre sujet crispe les défenseurs du rail : les promesses de nouvelles lignes nationales, annoncées par Emmanuel Macron en 2022 :
- Metz / Nancy → Nice
- Metz / Nancy → Barcelone
- Metz / Nancy → Bordeaux
Des liaisons prévues pour 2030… mais qui nécessitent la commande de nouvelles voitures couchettes.
Or, le ministre des Transports a récemment évoqué un report “à l’année prochaine” de cette commande, déjà repoussée plusieurs fois.
Pour les associations, ce nouveau délai est inacceptable. Un amendement parlementaire a été adopté pour sécuriser l’achat des rames supplémentaires – mais la décision politique reste attendue.
« Il faut garder le cap : 30 lignes de nuit doivent rouvrir d’ici 2030. Pas seulement au départ de Paris, mais aussi depuis la province », insiste Stéphane Busolini.
Une mobilisation soutenue par de nombreux acteurs
Le rassemblement de samedi devrait réunir :
- des élus du Grand Nancy
- des associations d’usagers comme la FNAUT ou l’AUT Lorraine
- la Convergence Rail, qui prendra également la parole
- des militants écologistes
- des habitants venus défendre de meilleures dessertes
Les sénateurs, sollicités, ne pourront être présents en raison de la proximité des échéances électorales.
La presse locale et nationale a été conviée, notamment France 3. « L’objectif est que tout cela soit relayé le plus largement possible pour que les élus entendent », souligne Stéphane Busolini.
Et après ?
Selon les organisateurs, la suite se jouera désormais à l’Assemblée nationale, où doit être examiné le budget lié au matériel roulant. Les acteurs du rail espèrent que les députés renforceront encore le soutien aux trains de nuit.
Parallèlement, ils interpellent l’État pour implanter en Lorraine un centre de maintenance dédié aux trains de nuit.
La SNCF envisage déjà une nouvelle installation au sud de Lyon pour les Intercités. Pourquoi pas un équivalent en Lorraine ou à Culmont-Chalindrey, se demandent les syndicats ?
“Il faut continuer à se battre”
Des prises de parole se succéderont samedi devant la gare de Nancy. Et le message final sera clair :
« Il faut continuer à se battre pour une cohérence de l’aménagement du territoire, avec des trains de nuit qui permettent aux populations de se déplacer du Nord vers le Sud ou en transversal », résume Stéphane Busolini.
La mobilisation s’annonce large. Reste à savoir si elle permettra enfin de remettre la Lorraine sur les rails des grandes liaisons nocturnes.
