Pierre CASTOR 23.06.2025 : Pourquoi le sushi le plus consommé du monde ne vient pas du Japon ?

PIERRE CASTOR

Pierre CASTOR 23.06.2025 : Pourquoi le sushi le plus consommé du monde ne vient pas du Japon ?
Emmanuel Macron est en visite officielle à Oslo. Et je parie que, parmi toutes les spécialités locales qu’on pourrait lui proposer, il y en a une qu’on retrouve… sur toutes les cartes de sushi du monde entier. Et elle vient de Norvège !
Le sushi que tout le monde adore – le sushi saumon – n’est pas japonais à l’origine, mais norvégien ! Et si vous êtes surpris, figurez vous que les Japonais l’ont été avant vous…
Car jusqu’aux années 1980, le saumon était carrément boudé au pays du Soleil levant.
Les maîtres sushi le regardaient de travers : trop gras, trop pâle, souvent infesté de parasites… bref, pas du tout le poisson de leurs rêves. À l’époque, ils préféraient le thon, le maquereau… des valeurs sûres !
Et puis… tout a changé grâce à un ministre norvégien plutôt malin, Thor Listau. À l’époque, la Norvège avait trop de saumon. Et que font des pêcheurs quand ils ne peuvent plus vendre leur poisson chez eux, où la viande rouge est reine à table ?
Eh bien, ils regardent du côté du plus gros mangeur de poisson du monde : le Japon.
Listau tient alors un petit coup de génie marketing. Il rebaptise le saumon norvégien en “samon”, à mi chemin entre le japonais “sake” et l’anglais “salmon”… Et surtout, il insiste sur un point majeur : le saumon norvégien est congelé, ce qui tue tous les parasites !
Les Japonais, d’abord sceptiques, goûtent… Et peu à peu, ils adoptent le poisson scandinave.
Le coup de grâce vient en 1992 : un gros distributeur japonais signe un contrat pour 5 000 tonnes de saumon norvégien à prix imbattable… à condition qu’il soit utilisé exclusivement pour des sushis ! Et là, BINGO !
Les ventes explosent. Et aujourd’hui, le sushi saumon est devenu la star du sushi, détrônant thon, maquereau et autres poissons nobles.
Depuis, la Norvège est devenue le 1er producteur de saumon au monde, avec 1,5 million de tonnes par an. Et elle construit déjà de nouvelles fermes d’aquaculture pour tripler sa production d’ici 2050 !