« Mon CEP Grand Est est un droit pour tous » : Zohra Amara dresse le bilan 2024 et fixe le cap

L’année 2024 a marqué un nouveau tournant pour Mon CEP Grand Est.

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Avec plus de 15 800 personnes accompagnées en 2024, Mon Conseil en Évolution Professionnelle (CEP) Grand Est confirme sa montée en puissance dans la région. Mais malgré un développement territorial massif, un taux de satisfaction élevé et un public qui s’élargit, le service reste encore trop peu identifié par les actifs. Zohra Amara, directrice de projet, dresse le bilan d’une année record et précise les objectifs du nouveau cycle 2024-2027 au micro de la rédaction.

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L’année 2024 a marqué un nouveau tournant pour Mon CEP Grand Est. Le service, destiné aux actifs du secteur privé et aux indépendants souhaitant faire le point sur leur parcours professionnel, a connu une forte progression du recours. « Le chiffre le plus marquant pour moi, c’est l’augmentation du recours : +16 % des personnes sont venues dans nos bureaux », souligne Zohra Amara, satisfaite de cette dynamique. Cette tendance confirme une trajectoire enclenchée depuis le lancement du dispositif en 2020. « Tout le travail qu’on fait autour de la communication, du partenariat et des entreprises pour faire connaître le service au plus grand nombre porte ses fruits visiblement », ajoute-t-elle.

Sur quatre ans, le nombre de bénéficiaires accompagnés par mon CEP Grand Est a tout simplement doublé. À l’échelle de 2024, la progression atteint près de 24 % par rapport à l’année précédente, avec un total de 15 867 personnes reçues dans les antennes du Grand Est. Ce succès tient d’abord à la qualité du service proposé : « 96 % des personnes sont satisfaites du service, mais surtout un chiffre plus intéressant, c’est que 94 % trouvent ce service utile », précise la directrice de projet.

L’efficacité de l’accompagnement repose aussi sur une implantation territoriale forte et un ancrage local bien pensé. « On tisse un maillage territorial de connaissances des organisations, ce qui est intéressant pour délivrer le service. Ça permet aux personnes qui viennent nous voir de bénéficier entre guillemets de notre carnet d’adresses », explique-t-elle, insistant sur le rôle d’intermédiaire que jouent les conseillers auprès d’un réseau de structures et d’acteurs de l’emploi et de la formation.

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Un profil de bénéficiaire stable… mais des attentes en mutation

Du côté des publics, pas de bouleversement majeur en 2024 pour mon CEP Grand Est : les actifs qui sollicitent le service restent majoritairement des jeunes adultes. « C’est toujours des personnes qui sont plutôt jeunes, c’est-à-dire qui ont moins de 44 ans. 36 % entre 25 et 34, et 34 % entre 35 et 44 ans », précise Zohra Amara. Les secteurs d’activité les plus représentés sont le commerce, la santé/social et l’industrie, ce qui reflète la structure économique de la région. Pourtant, les besoins exprimés ne cessent d’évoluer, en lien avec les transformations du monde du travail.

Parmi les demandes les plus fréquentes, la volonté de changer de métier ou de secteur reste forte : 51,9 % des personnes accompagnées évoquent cette motivation. Mais pour Zohra Amara, il faut nuancer cette lecture. « S’il y en a 51 % qui veulent changer de métier, il y en a 49 % qui ne veulent pas changer. Le conseil en évolution professionnelle a cette image de reconversion, mais nous, ce qu’on souhaite, c’est mettre en avant toute l’offre de service », insiste-t-elle. Car Mon CEP ne se limite pas à un accompagnement à la reconversion : il peut aussi être un outil d’évolution interne ou de réflexion sur ses compétences. « On peut le solliciter même si on veut juste évoluer dans son entreprise », rappelle-t-elle.

Cette approche proactive prend tout son sens à l’heure des transitions en cours dans les entreprises. « Par rapport aux enjeux du territoire, aux enjeux notamment de la transition écologique ou des modifications technologiques, c’est bien que les personnes soient proactives et se forment en amont plutôt que de subir les modifications qu’il y aura dans leur métier », affirme Zohra Amara.

Un service aussi utile aux salariés stables

Autre constat marquant du bilan 2024 mon CEP : le recours croissant au service de la part de salariés en CDI. Une tendance qui peut surprendre, mais que la directrice de projet explique facilement : « Ils viennent vers nous parce qu’ils se questionnent sur leur évolution professionnelle. » Les questions d’orientation, de sens au travail ou d’envie de changement ne sont pas l’apanage des personnes en situation instable. « Parfois en milieu de carrière, on s’interroge. Ou même en début de carrière, on a une orientation qui ne nous convient pas. Et on souhaite se reconvertir. »

Mon CEP permet alors de clarifier son projet, d’avoir un regard extérieur, mais aussi d’utiliser plus efficacement ses droits à la formation. « Ça permet d’être informé, de mieux dépenser son compte personnel de formation. Au moins, on a un conseiller qui peut nous orienter », résume-t-elle.

Un réseau renforcé, un défi de notoriété pour mon CEP

Depuis janvier 2024, l’opérateur a été reconduit pour un second marché public jusqu’en 2027. Ce nouveau cycle s’ouvre avec une ambition renforcée sur la structuration du réseau : « On a rajouté des sites. Aujourd’hui, il y a 71 antennes sur le Grand Est. » L’objectif : permettre à chacun d’accéder facilement à un conseiller, quel que soit son lieu de résidence, et dans la modalité qu’il souhaite. « Elle peut appeler son conseiller en évolution professionnelle par téléphone, par visio ou en présentiel, à son choix », rappelle Zohra Amara.

Mais cette accessibilité ne garantit pas la visibilité. « Est-ce que Mon CEP Grand Est est pleinement identifié par les actifs ? Non, pas vraiment », reconnaît-elle. « On a reçu 15 000 personnes dans nos antennes l’année dernière, mais il y en a encore beaucoup. »

Pour améliorer la notoriété du dispositif, plusieurs actions sont menées : événements partenaires, affiches, webinaires mensuels pour les entreprises, rencontres sur site… « On organise des petits déjeuners avec les partenaires », illustre Zohra Amara. « Et puis, on peut faire des présentations d’entreprise, des affiches… »

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Les antennes Mon CEP Grand Est

Un réflexe à adopter pour sa carrière

En conclusion, la directrice de projet rappelle l’essence même du service : un droit universel, accessible à tous. « Il faut que la personne, dès qu’elle a une question, elle pense à solliciter son conseiller en évolution professionnelle. » Ce réflexe, Mon CEP souhaite le voir se généraliser, à mesure que les actifs prennent conscience de l’importance de piloter leur parcours dans un monde du travail en mutation. « Mon conseiller en évolution professionnelle, c’est un droit pour tous », conclut-elle.

Des propos recueillis par Juliette Schang