MUSE - UPRISING

Quand trois Britanniques sabotent leur propre passage télé pour dénoncer le playback. Et qu'ils créent au passage l'hymne révolutionnaire le plus vendu de leur carrière.

Août 2009. Matt Bellamy, Chris Wolstenholme et Dominic Howard sortent "Uprising", premier single de l'album "The Resistance". Le titre s'inspire du roman "1984" de George Orwell et dénonce la crise bancaire de 2008, les répressions violentes de manifestations à Londres, et le manque de confiance du peuple envers les élites. Écoutez bien cette ligne de basse qui joue en octaves sur toute la chanson, ce tempo à 132 battements par minute : c'est énergique, scandé, hypnotique. Matt Bellamy voulait créer un chant révolutionnaire avec des battements de tambour qui font écho aux hymnes des stades de foot. Mission accomplie.

Le morceau explose : numéro un du Billboard Alternative Songs américain, top 10 dans sept pays, single le plus vendu de toute la discographie de Muse. Plusieurs critiques comparent même la mélodie au générique de Doctor Who ! Et cerise sur le gâteau : en décembre 2009, le Vatican inclut "Uprising" dans sa liste de compositions musicales "qui peuvent toucher le cœur des personnes bien intentionnées", aux côtés de Mozart. De l'anti-establishment béni par le pape, l'ironie est savoureuse !

Mais l'anecdote la plus jubilatoire reste celle de la télévision italienne. Le groupe, qui déteste le playback, est forcé de jouer sur Rai 2. Pour protester, ils échangent leurs instruments : Matt à la batterie, Dom à la basse et au chant, Chris à la guitare et aux claviers. La présentatrice ne remarque rien. La performance est diffusée telle quelle. Un pied de nez magistral au système qu'ils dénoncent justement dans leur chanson !

Vingt-six ans après leur formation, le trio continue de secouer les consciences et remplir les stades. "Uprising" reste leur titre le plus joué en concert, présent à chaque show depuis 2009.