Tensions autour de l’abattage d’un troupeau dans le Doubs
Selon les syndicats, plus de 500 personnes se sont rassemblées ce matin à la ferme de Lhomme, dans le Doubs, pour s’opposer à l’abattage d’un troupeau de 82 vaches saines. Alors qu’un référé-liberté est examiné à Besançon, l’intervention violente des forces de l’ordre suscite l’indignation des organisations paysannes.
Ce matin, une importante mobilisation a eu lieu à la ferme de Lhomme, à Pouilley-Français dans le Doubs, pour contrer un abattage.
Dans cette ferme, un troupeau de 82 vaches déclarées saines doit être abattu dans le cadre de la lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Selon les syndicats, plus de 500 paysans, paysannes et citoyen, citoyennes se sont rassemblés en soutien à la famille, dénonçant une décision jugée injuste et disproportionnée.
Un référé-liberté déposé pour empêcher l’abattage
Pour tenter de stopper la procédure, la Confédération paysanne et la Coordination rurale ont déposé un référé-liberté, actuellement examiné par le tribunal administratif de Besançon.
Selon les deux syndicats agricoles, ce recours d’extrême urgence vise à faire reconnaître une atteinte grave et imminente à la liberté d’exercer le métier d’éleveur, considérant que la mesure d’abattage total met en péril l’activité de l’exploitation.


Selon les organisations syndicales, la décision administrative repose sur un cas unique. Il y aurait un seul nodule détecté sur une vache le 28 novembre, confirmé positif à la DNC, malgré un troupeau entièrement vacciné depuis plus de 30 jours.
Les éleveurs avaient demandé une seconde analyse, refusée. Ils souhaitaient également que leur exploitation serve de « ferme test » afin de prouver qu’un traitement ciblé pourrait suffire au sein d’un troupeau immunisé. L’arrêté préfectoral ordonnant l’abattage total a été publié dès le lendemain.
Intervention violente des forces de l’ordre
La tension est montée lorsque les forces de l’ordre sont intervenues sur la ferme. D’après la Confédération paysanne, la police aurait gazé plusieurs personnes présentes sur place, extrait un paysan de force d’un tracteur, procédé à deux interpellations et saisi deux tracteurs.

Il s’agit, toujours selon le syndicat, d’une première depuis le début de la crise DNC : la police aurait reçu l’ordre de garantir la mise à mort du troupeau alors même que le référé-liberté est en cours d’examen.
Cette intervention est dénoncée comme un acte grave, révélant un mépris pour le principe de séparation des pouvoirs, la justice n’ayant pas encore rendu sa décision.




Une décision qualifiée d’ »indigne » par la Confédération paysanne
La Confédération paysanne affirme avoir tenté, à plusieurs reprises ce matin, de joindre la Ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, sans obtenir de réponse.
Les représentants syndicaux dénoncent une situation « scandaleuse » et jugent que le ministère atteint « le sommet de l’indignité » en autorisant un abattage total de vaches vaccinées et en laissant se multiplier des interventions qu’ils qualifient de disproportionnées.
Pour les organisations mobilisées, cette politique sanitaire doit cesser immédiatement. Elles appellent à une révision urgente des protocoles d’abattage dans le cadre de la lutte contre la DNC, jugeant que les décisions actuelles génèrent des drames humains et professionnels inacceptables pour les éleveurs et leurs familles.
Les deux référés rejetés
La préfecture a appelé « chacun à la responsabilité » dans un communiqué publié après que le tribunal administratif de Besançon a rejeté les deux référés liberté.
Elle y annonce que « l’opération de dépeuplement du cheptel de Pouilley-Français est désormais en cours ». Le préfet du Doubs exprime « son plein soutien à l’éleveur et à sa famille dans cette épreuve, ainsi qu’aux équipes mobilisées », et précise que les forces de l’ordre sont présentes pour « assurer le bon déroulement des opérations ».
