EXCLUSIF : Dove Attia et sa nouvelle comédie musicale à Nancy en février 2025
Interview exclusive avec Dove Attia, avant sa venue prochaine, en février 2025, à Nancy pour son nouveau spectacle : « Molière, le spectacle musical »
« Molière, le spectacle musical », la nouvelle comédie musicale de Dove Attia, sera en représentation à Nancy, début février 2025.
Et la rédaction de Magnum La Radio a pu avoir une interview exclusive avec l’ancien juré de la Nouvelle Star, le producteur de plusieurs comédies musicales françaises célèbres, dont les Dix Commandements (2000), Le Roi Soleil (2005) ou encore Mozart, l’opéra rock (2009).
Dove Attia explique ce que vous pourrez découvrir dans sa nouvelle réalisation : Molière, le spectacle musical.
Qui êtes vous ?
Bonjour, je suis Dove Attia, ancien juré de la Nouvelle Star, pour ceux qui sont plus âgés et qui s’en souvienne, et puis créateurs de spectacles. J’ai démarré avec les 10 Commandements, le Roi Soleil, Mozart, l’opéra rock. Aujourd’hui, je viens vous parler de mon dernier spectacle, celui qui me tient le plus à cœur et d’après les critiques, le plus beau : Molière, l’opéra urbain ou Molière, le spectacle musical.
Votre dernière comédie musicale, elle date de 2015 – 2016. C’est la Légende du roi Arthur. Qu’est-ce qui vous a poussé à refaire un spectacle musical en 2023 ?
C’était osé d’en refaire un après le roi Arthur en 2015. Je n’avais pas envie de refaire de spectacle, parce que j’avais tout dit. Je faisais toujours la même chose, et en voyageant, j’ai découvert des nouveaux spectacles aux États-Unis.
C’était à Broadway avec Hamilton « Come from Away » et là j’ai vu qu’il y avait une nouvelle manière de raconter, de faire des comédies musicales. Beaucoup plus moderne, beaucoup plus rythmée, avec de l’humour, quelque chose que je n’avais pas fait dans mes spectacles. C’était beau, mais ça manquait de récit.
J’avais envie de parler de ce Molière, parce que tout le monde se souvient de lui. Mais on a une mauvaise image de Molière, parce qu’il y a ce côté un peu scolaire, un peu vieillot.
Alors que Molière, dans le fond, est très moderne et c’est quelqu’un qui a une vie exceptionnelle que très peu de gens connaissent.
D’ailleurs l’histoire commence quand il a 20 ans. Il est devant un choix : être tapissier du roi ou suivre son grand amour, Madeleine Béjart. Il abandonne tout pour la suivre, devenir comédien et c’est la faillite. Il va en prison. Cette longue histoire, je voulais la raconter de façon moderne et j’ai trouvé ce moyen où les dialogues se font sur la musique, il y a un côté opéra et apparemment ça a fonctionné.
Ce qui vous a donné envie de faire un spectacle sur Molière, c’est vraiment son histoire. Vous parlez de la première star qui nait en 1700.
Exactement. En fait, Molière, je l’ai découvert quand j’ai écrit le Roi Soleil. C’est Molière qui présente le Roi Soleil dans le spectacle.
Quand j’écris sur un personnage, je lis. Et là j’ai découvert son histoire. Ce type qui a dérangé, ce type qui a eu plein d’ennemis, ce type qui a critiqué la société avec Les Précieuses ridicules. Il se moque des usages de la Cour. Avec l’École des femmes, c’est le premier féministe de l’histoire. Et puis avec Tartuffe, il va trop loin. C’est là que Louis XIV l’abandonne.
Et cet homme va avoir des amours scandaleuses en épousant la fille de Madeleine, son premier amour.
Ce spectacle nous enseigne que pour réussir, il n’y a pas mieux que l’échec. L’échec est une victoire, parce qu’on apprend.
Dove Attia
Cette histoire exceptionnelle, cette bande de copains qui ont des rêves et qu’on va suivre pendant le spectacle, j’avais envie de la raconter. Mais comme il y a un côté un peu vieillot dans Molière – dans la forme, pas dans le fond – je voulais le raconter de façon moderne. Et il fallait que je trouve ce moyen.
Quand je l’ai trouvé, en voyageant en 2018-19, je me suis dit : « Là vraiment j’ai envie parce que je vais faire quelque chose que je n’ai jamais fait ».
Je veux rendre hommage à Ladislas Chollat, metteur en scène de génie et Romain R.B, chorégraphe également de génie. Ils font sûrement partie du top 3 qu’on est en France et même en Europe. Ils ont fait un spectacle, mais fabuleux.
Ce dont parle le spectacle, c’est vraiment la vie de Molière. Ce n’est pas un mix de toutes ses œuvres théâtrales.
On raconte une histoire. C’est comme le Roi Soleil, ou Mozart. « Il était une fois ». Ça commence, il a 20 ans. Il est devant un choix. Il décide de rompre avec son père. Et cette histoire on va la suivre, parce qu’il est à la recherche de la reconnaissance du père.
C’est que des rendez-vous manqués. Ça va être l’échec. Ils vont créer une tournée de théâtre, ils vont aller en tournée, ils vont galérer. Le premier protecteur les abandonnent à cause de la fronde, le deuxième protecteur, les abandonnent aussi, car le prince Conti se convertit au catholicisme radical.
Après c’est le retour à Versailles. C’est les belles années, le premier succès des Précieuses ridicules et Molière va trop loin. C’est un auteur libre. Et le roi tant que ça l’arrange, va le protéger. Jusqu’au jour où il ne le protège plus.
On est fidèle à l’histoire. Quand vous allez dans les salles, il y a des enfants (à partir de 6, 7, 8 ans), mais il faut voir comment ils sont après le spectacle.
D’abord, ils apprennent l’histoire de France, entre Molière et le Roi Soleil. Et surtout, c’est un spectacle qui est très drôle. On ne peut pas raconter Molière sans humour, ce n’est pas possible. Et on pleure à la fin. Il y a toutes les émotions.
La première représentation du spectacle a eu lieu il y a un an, en novembre 2023. Un an après, quels sont les retours au niveau des critiques, du public, des comédiens ?
Quand on a démarré Molière, ça ne marchait pas. Les gens disaient : « C’est quoi une comédie musicale sur Molière ? Molière pour moi c’est à l’école, les grands monologues… C’est quoi ce truc ? » Et on vendait très peu de place. On pensait que c’était foutu. Je me suis dit : « C’est mon premier échec ».
Lors de la première générale, il s’est passé un truc magique. À la fin, les gens étaient en larmes et heureux. Ils étaient tous debout. On a eu une standing ovation comme je n’ai jamais connu dans aucun de mes spectacles. J’ai me suis dit : « Bon, c’est la première avec les invités. Attendons samedi pour la première publique ».
Et il s’est reproduit la même chose le samedi d’après et tous les jours. Le bouche à oreille a été tellement fort qu’on s’est retrouvé au bout de trois semaines, premier des ventes, tout concert live et spectacle confondu, et on est resté premier. Ce bouche à oreille et surtout les bonnes critiques presse – c’est la première fois que j’ai des bonnes critiques presse pour un spectacle – ont favorisé en partie cette montée du spectacle et son succès.
On a été nominé aux Molières, on a eu sept trophées sur huit des comédies musicales 2024. Et c’est vrai que le bouche à oreille du public plus les critiques, ça fait qu’un spectacle qui allait mourir, se casser la gueule, est devenu un triomphe à la fin.
En parlant de tous ces titres, effectivement, vous avez été nommés au Molière du spectacle musical. Vous avez remporté 7 prix aux trophées de la comédie musicale 2024, dont celui du public et de la comédie musicale de l’année.
On peut donc parler, après un possible échec, d’un véritable succès, aussi bien auprès du public que de vos pairs.
De mes pairs, ça c’est fou. C’est de gens de la Comédie Française qui sont venus me voir en me disant : « L’hommage que vous avez fait à Molière est magnifique ».
Je vous encourage vraiment à aller voir ce spectacle, parce que vous n’avez jamais vu ça. En France, ce type de spectacle n’a jamais été réalisé, c’est très innovant. Il y a des personnes qui sont venus le voir, 25, 30 fois, je ne plaisante pas.
C’est un spectacle qui rend heureux, qui vous fait passer par plein d’émotions. On ri et on a besoin de rire aujourd’hui. On apprend aussi. Et puis on a des émotions très fortes parce que l’histoire de cet homme, Jean-Baptiste Poquelin, c’est l’histoire de chacun entre nous; sa relation avec son père, sa relation avec l’amour, sa relation avec la vie, avec ses rêves, ses échecs.
Avant d’avoir le succès, Molière n’a pas arrêté de tomber. Ce spectacle nous enseigne que pour réussir, il n’y a pas mieux que l’échec. L’échec est une victoire, parce qu’on apprend.
Ce spectacle, c’est un opéra urbain. Est-ce que vous pouvez expliquer ce qu’est un « opéra urbain » ?
Je vais être franc. Le spectacle devait s’appeler « Molière, l’opéra urbain ». Mais on a changé le nom, car on s’est rendu compte que des gens, lorsqu’on leur disait « opéra urbain », pensaient que c’était du rap. Ça envoyait les gens dans la mauvaise direction.
C’est un spectacle musical avec des chansons, comme j’ai l’habitude de faire. Mais au lieu de ça soit des dialogues, où la musique s’arrête et les gens commencent à jouer, les comédiens vont slamer sur de la musique. C’est cette forme de récit qui est complétement originale et qui n’a jamais été vue en France. Ça donne un rythme époustouflant.
Est-ce un moyen de remettre la littérature classique au goût du jour en employant une forme différente ?
On a dans le spectacle, quelques extraits des pièces de Molière, mais très courts. Ce ne sont pas des exemples. Nous avons mis en avant les pièces qui ont changé le destin de Molière : sa première création jusqu’au Malade Imaginaire, où il meurt presque sur scène.
Ce que j’adore, ce sont les spectacles historiques, où on fait un voyage dans l’histoire. Je préfère voir une comédie musicale avec des robes de princesses et des décors versaillais, plutôt que des costumes cravates sur scène, avec des vélos et des tractions.
Je suis un scientifique, j’ai fait une grande école et après j’ai été professeur enseignant pendant 12 ans. C’est un des plus beaux souvenirs de ma vie.
Et dans mes comédies musicales, j’enseigne. D’ailleurs quand je parle avec mes chanteurs, j’allais dire mes élèves, [rire], ils me disent toujours : « Dove, arrête de faire le prof ». Dans toutes mes comédies musicales, il y a un but pédagogique : apprendre. Je veux que les gens y soient heureux, ils rient, ils rêvent, mais qu’ils apprennent quelque chose.
Grâce au spectacle, des enfants ont été initiés à Molière.
Dove Attia
Que ce soit le Roi Soleil, que ce soit Mozart, l’opéra rock, 1789 : Les Amants de la Bastille ou les 10 Commandements, les spectateurs sortent du spectacle, en ayant appris quelque chose.
Et Molière, c’est celui qui va le plus loin, parce qu’on apprend quelque chose et on donne envie aux enfants de redécouvrir ce qu’a écrit Molière, sa littérature, ses pièces.
Il a révolutionné la comédie. Avant Molière, c’était la farce italienne, c’est Scaramouche. Mais lui il ne voulait pas écrire : il voulait être un grand tragédien, sauf qu’il n’était pas doué.
En province, à l’époque, il n’y avait pas de libraire, donc pas de livrets et de pièces à jouer. Molière s’est donc mis à écrire et puis il avait ce don de la comédie. Ce qu’il a amené, c’est de la profondeur dans la comédie. Sans Molière, il n’y aurait pas eu Feydeau, ou Weber avec Le Dîner de cons. C’est se moquer des vices et des vertus des êtres humains, et rire de cela.
Est-ce que vous avez eu des retours du public, d’enfants qui sont venus vous dire qu’ils ont relu ou lu Molière après avoir vu le spectacle ?
Plus que ça, on a eu des écoles qui sont venues voir Molière, des maitresses avec leurs classes.
J’ai reçu des vidéos sur les réseaux sociaux de maitresses en train de faire des pièces de Molière avec des élèves d’écoles primaire (CE1, CE2, CM1, CM2).
J’ai des parents qui m’ont dit que depuis les enfants s’intéressent au théâtre, veulent faire du théâtre. Grâce au spectacle, des enfants ont été initié à Molière.
Dans le futur, qu’est-ce que vous avez envie d’apporter dans le futur aux spectateurs et au monde du spectacle ? Est-ce que dans le futur, vous allez refaire une comédie musicale ?
C’est très difficile pour moi. Molière, j’ai mis trois ans de ma vie à l’écrire. C’était tellement dur. Et puis au début, on pensait que ça allait se casser la gueule, parce que les gens n’avaient pas trop envie et ne savaient pas ce que c’était.
Je pense que je ne ferai pas d’autres créations.
Dove Attia
C’est grâce en grande partie aux réseaux sociaux que les gens ont eu envie de venir voir le spectacle. Je pense que je ne ferai pas d’autre création. C’est trop dur. Là, Molière a plu à l’étranger. On va voyager en Chine, au Japon, au Canada. On rêve d’aller en Angleterre et aux États-Unis. Ce spectacle, c’est celui qui a le plus plu aux étrangers, parce que c’est peut-être celui de la maturité, le mieux écrit on va dire.
Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter ?
Je suis heureux d’être à Nancy. J’adore cette ville. Je serai là bien sûr le 1er février. Je n’ai rien d’autre à rajouter, si ce n’est : allez voir ce spectacle, parce que vous n’avez jamais vu ça en France. Vous ne serez pas déçu, comme vous n’avez pas été déçu avec mes spectacles précédents.
Infos pratiques
Pour voir cette comédie musicale remplie d’émotion, rendez-vous au Zénith de Nancy. Deux représentations vont avoir lieu le samedi 1er février 2025, à 15h et 20h30.
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