Réforme des retraites : 4 mois de réunions et un échec, François Bayrou relance le dialogue et appelle à « franchir le dernier pas »
Le Premier ministre s’est exprimé depuis Matignon ce matin et a notamment affirmé qu’il allait recevoir les partenaires sociaux, au lendemain de l’ultime réunion du conclave sur les retraites qui n’a pas abouti à un accord.
Lundi soir, les négociations du conclave sur la réforme des retraites se sont soldées par un échec. Ce mardi matin, François Bayrou a pris la parole depuis Matignon. S’il reconnaît la déception, le Premier ministre refuse la résignation. Dans un discours ferme et volontaire, il a appelé à relancer immédiatement les discussions avec les partenaires sociaux, espérant sauver ce qu’il considère comme un « accord historique à portée de main ».
« On est très près d’un accord historique »
Malgré l’échec officiel du conclave, François Bayrou s’est voulu optimiste.
« Dans la dernière ligne droite, on est arrivé très près d’un accord historique à bien des égards », a-t-il déclaré en ouverture.
Le Premier Ministre a salué les efforts réalisés à propos des retraites autour de plusieurs points clés : l’âge de départ à taux plein, la reconnaissance des droits des mères, et une nouvelle gouvernance du régime complémentaire privé.
S’il concède que « les derniers pas sont souvent les plus exigeants », le Premier ministre affirme qu’il serait irresponsable de tout abandonner maintenant :
« Je ne peux pas accepter sans réagir qu’on se satisfasse d’échouer si près du but. »

Une relance immédiate à Matignon pour la réforme des retraites
François Bayrou a donc convoqué dès ce mardi matin les organisations syndicales et patronales pour une nouvelle réunion à Matignon. Objectif : tenter de bâtir un compromis de dernière minute, dans un climat politique particulièrement tendu.
« J’ai décidé d’inviter les organisations qui ont travaillé ensemble durant ces quatre mois à me rencontrer dès ce matin, pour rechercher une voie de passage dans l’intérêt de notre pays », a-t-il lancé.
Des réactions syndicales contrastées

Côté syndicats, l’échec du conclave sur la réforme des retraites a suscité des réactions variées.
- La CFDT, qui avait participé activement aux discussions, s’est dite déçue mais ouverte à reprendre les échanges. Son secrétaire général, Laurent Berger, a rappelé que « des avancées avaient été obtenues » mais que « certains arbitrages cruciaux n’étaient pas encore là ». La centrale reste attachée à une réforme juste, notamment sur les carrières longues et les critères de pénibilité.

- La CFTC, quant à elle, a dénoncé « un blocage d’origine politique ». Elle a appelé le gouvernement à ne pas abandonner, tout en demandant des garanties sur la préservation des droits familiaux dans les régimes complémentaires.
Le Medef, agacé par l’enlisement
Du côté patronal, le Medef a exprimé une vive inquiétude face à l’incertitude prolongée vis-à-vis de la réforme des retraites. Dans un communiqué, l’organisation estime que « le pays a besoin d’un cadre stable » et appelle à « finaliser rapidement une réforme équilibrée ». Elle a néanmoins salué les efforts du gouvernement pour maintenir le dialogue et insiste sur la nécessité de respecter les équilibres économiques du système.
La menace politique grandit
En toile de fond, la pression politique monte. Certains agitent la menace d’une motion de censure si le gouvernement ne renonce pas ou ne soumet pas la réforme au Parlement. La France Insoumise réclame purement et simplement le retrait du texte de la réforme des retraites.
Bayrou, lui, tente de désamorcer cette crise naissante en montrant qu’il reste à l’écoute et mobilisé. Mais l’échec du conclave pourrait peser lourd sur la stabilité de sa majorité, déjà fragilisée.
Une réforme des retraites suspendue à quelques lignes
Avec cette nouvelle phase de discussion, François Bayrou joue sa crédibilité politique. Le Premier ministre veut croire qu’un consensus est encore possible. Il appelle les partenaires sociaux à « franchir le dernier pas » et sceller un accord équilibré, à la fois socialement acceptable et financièrement viable.
Le compte à rebours est enclenché : soit un compromis est trouvé dans les jours qui viennent, soit le gouvernement s’expose à une double crise — sociale et parlementaire.